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Interview

«Il faut voir si cette prothèse est définitive»

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Le cardiologue Patrick Aeberhard salue l’invention de son confrère mais reste prudent.
publié le 4 septembre 2014 à 19h46

Le Dr Patrick Aeberhard, ancien président de Médecins du monde, dirige le département de réadaptation cardiaque au très réputé centre cardiologique du Nord (CCN), à Saint-Denis.

Avec d’autres, vous êtes critique sur la présentation du cœur artificiel Carmat. Pourquoi ? N’est-ce pas une merveille technologique ?

Sans aucun doute. Il comporte un système tout à fait nouveau, reposant sur des valves biologiques. Et cela peut devenir à terme un système cardiaque de grande innovation, toutefois cela n’a pas encore été prouvé. Mais, surtout, c’est la présentation miraculeuse qui en a été faite. Le cœur Carmat est certes nouveau dans sa conception, mais il n’est pas le premier. Depuis près de trente ans, on implante des cœurs artificiels.

De quel cœur artificiel parlez-vous ?

Pour prendre un exemple, il existe sur le marché un cœur artificiel, et cela depuis les années 90. Ce cœur a été implanté sur plus de 1 300 patients ; produit par la société Syncardia, basée en Arizona [Etats-Unis], il continue à l'être. Ce sont des cœurs qui sont utilisés temporairement chez des patients en attente d'une transplantation.

Car aujourd’hui, le défi est de répondre au manque d’organes. Il y aurait en France, par exemple, la nécessité de greffer un cœur chez 2 000 patients en insuffisance cardiaque. Or, on en fait 400, faute de greffons.

Le cœur artificiel américain est-il très différent dans sa conception de celui du professeur Alain Carpentier ?

Il fonctionne avec des valves mécaniques et un système placé à côté qui pèse 5 kilos, porté en bandoulière par le patient. Il n’est donc pas autonome, mais aujourd’hui, le cœur Carmat fonctionne lui aussi avec des piles extérieures. La différence est dans la conception : le projet de Carmat est présenté comme un cœur d