C'est une affaire entendue, les taxis de la Marne n'ont pas sauvé Paris. Mais quand même : en acheminant 6 000 soldats sur le front, les 6, 7 et 8 septembre 1914, ils ont contribué à stopper la percée allemande vers la capitale. Ce que l'on sait moins, c'est que cette équipée leur a été payée comme une course normale, au compteur.
«Les taxis avaient été réquisitionnés par le général Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Il fallait donc les indemniser : l'armée leur a versé environ 70 000 francs au total», explique Jean-Yves Le Naour, historien et spécialiste de la Première Guerre mondiale (1). La somme représenterait aujourd'hui plus de 233 000 euros. Les chauffeurs n'ont touché que 27% de ce montant, le reste revenant aux compagnies de taxis qui les employaient, conformément à la règle de l'époque. Parmi ces entreprises figurait la Compagnie des automobiles de place (dite «Autoplace»), dont les voitures portaient une immatriculation se terminant par «G7» et qui est l'ancêtre de l'actuelle G7, société de taxis bien connue des Parisiens.
Tout le monde n'a pas touché la même somme, car certains compteurs affichaient 120 km parcourus, d'autres plus de 200 km. De nombreux chauffeurs ont en effet effectué deux allers-retours entre la gare de Gagny, où les troupes étaient embarquées à bord des voitures, et Nanteuil-le-Haudouin ou Silly-le-Long, à que