A 3 heures du matin, Jean-Claude, 65 ans, a été réveillé par un bruit de canalisation, un «glouglou». Il est sorti de son lit, a posé les pieds dans l'eau. Dix centimètres environ, partout dans la maison. Dehors, de l'autre côté de sa porte d'entrée devenue inouvrable, le niveau atteignait déjà un mètre quarante. Une demi-heure plus tard, une vague a brisé sa véranda, et la mer est entrée.
Thierry, 40 ans, instituteur, a entendu des craquements dans son garage à 3 heures et demie. Il a voulu aller voir mais l’eau s’est engouffrée jusqu’aux épaules. A l’autre bout de la maison, ses filles pleuraient, appelaient au secours. Prisonnières dans leur chambre où tout flottait, incapables d’ouvrir la porte bloquée.
Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, la tempête Xynthia a tué 29 personnes à La Faute-sur-Mer, commune de 900 habitants sur la côte vendéenne. Les victimes sont mortes noyées dans des eaux gelées passées de quelques centimètres à deux mètres trente de hauteur en une poignée de minutes. Captives de leurs habitations ou emportées par le courant. Ceux qui ont eu la vie sauve se sont réfugiés sur leur toit, comme Jean-Claude, Thierry et leurs familles. Dans cette zone où avait été privilégié l’habitat de plain-pied, rares étaient les maisons à étage.
Digues. Un procès s'ouvre ce lundi, quatre ans et demi après. Quatre responsables locaux sont poursuivis pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel des Sables-d'Olonn