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«Ils étaient tous au courant qu’on pouvait mourir noyés»

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Le procès Xynthiadossier
Après les inondations provoquées par la tempête Xynthia, qui ont fait 29 morts en février 2010, un procès s'est ouvert ce lundi aux Sables d'Olonne. Au premier soir d'audience, les parties civiles sont accablées.
La Faute-sur-Mer, en Vendée, le 1er mars 2010 après le passage de la tempête Xynthia. (Photo Régis Duvignau. Reuters)
publié le 15 septembre 2014 à 21h11

«Ils savaient. Ils savaient depuis le début qu'ils risquaient nos vies. Et il nous ont utilisés.» Il est presque 20 heures, ce lundi soir, à la première interruption d'audience du procès Xynthia, quand les parties civiles sortent prendre l'air quelques minutes sur le parvis du Centre de Congrès, sonnées. Une femme secoue la tête. «Je n'aurais pas imaginé que c'était à ce point. Qu'ils étaient tous au courant qu'on pouvait mourir noyés.»

Depuis deux heures environ, le président a entamé la lecture d’un résumé des faits et de l’instruction. Le contenu est accablant pour les cinq prévenus. Schémas, graphiques et documents projetés sur grand écran à l’appui, le magistrat détaille comment René Marratier, maire de la Faute-sur-Mer de 1989 à 2014, s’est délibérément opposé à toutes les tentatives de la préfecture de faire établir un plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) et un plan d’organisation des secours. Comment sa première adjointe, Françoise Babin, a signé des permis de construire irréguliers, sachant qu’ils concernaient des zones hautement inondables. Comment le fils de cette dernière, Philippe Babin, a profité de transactions fructueuses en vendant ces terrains devenus constructibles via son agence immobilière, et a négligé de surveiller la digue de protection dont il était propriétaire. Comment un quatrième homme, Patrick Maslin, ami des trois précédents et également adjoint au maire, a ensuite construit les maisons, sans étage et sans surélév