Elle a marché droit. Franchi le poste de surveillance sans respirer, la pique d'acier au fond de son sac de sport. Refait le chemin balisé lors des repérages : le «palais des mirages», le bar, le théâtre, jusqu'à la «salle des chefs d'Etat». Puis accélération : sa veste qui vole, le pieu arraché au sac, le cri «Putin dictator !» un coup dans le ventre, un autre… Le 5 juin, Iana Zhdanova, 26 ans, militante Femen, s'est retrouvée torse nu à califourchon sur la statue en cire du président russe, Vladimir Poutine, au musée Grévin, à Paris. Une partie de la tête s'est décrochée, on l'aurait cru scalpée. Autour, les statues d'Obama, Hollande, Merkel, continuaient de sourire. Les visiteurs médusés bougeaient encore moins. «Même les gardiens sont restés immobiles, raconte la jolie blonde. Ils ont attendu que je finisse puis m'ont demandé de les suivre, vraiment gentiment.» Au commissariat, les policiers ont été tout aussi délicats. Lui proposant un café, s'excusant de devoir prendre des photos de son torse où était inscrit - à l'envers - «Kill Putin». Une interpellation inédite pour Iana, plus habituée aux ratonnades des «agents russes» et aux geôles d'Ukraine, son pays, quitté en août 2013, où elle fut incarcérée deux fois pour des actions militantes Femen. Le musée, toutefois, a porté plainte et, ce mercredi, Iana comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris pour «dégradation d'un bien appartenant à autrui» et «exhib
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La Femen fatale du musée Grévin
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Femen, la guerre des «sextrémistes»dossier
Une activiste des Femen avec les statues de cire de Vladimir Poutine et Juan Carlos, le 5 juin à Paris, au musée Grévin. (Photo Erci Feferberg. AFP)
par Ondine Millot
publié le 16 septembre 2014 à 18h06
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