Ni lui, ni ses avocats ne s’attendaient à ça. Mardi après-midi, alors que tous pensaient la deuxième journée d’audience du «procès de la tempête Xynthia» terminée, le président du tribunal des Sables-d’Olonne a fait venir à la barre le principal prévenu, René Marratier. Maire de la Faute-sur-Mer de 1989 à 2014, on lui reproche d’avoir sciemment négligé les dangers auxquels il exposait ses administrés en signant des permis de construire en zone inondable, et en refusant les mesures de prévention des risques que l’Etat lui demandait de prendre.
«Monsieur Marratier, démarre le magistrat, je voudrais savoir ce que vous inspirent nos travaux d'aujourd'hui ?» Le ton est sec, cassant. Toute la journée, des experts ont démontré que les risques d'inondation étaient largement connus et prévisibles, ce qu'a toujours nié l'élu.
René Marratier est surpris. Il bredouille : «J'ai encore pas dormi de la nuit précédente, avec toutes ces victimes qui me ressassent ces choses. Je reste persuadé que c'est pas à mon humble niveau qu'on pouvait faire des prévisions. Parce que c'est pas moi, petit élu local, avec toutes les obligations qui m'incombent, ne comptant pas mes heures, la voirie, l'entretien des espaces...» Le président le coupe, irrité. «Dans la presse, devant le juge d'instruction, partout vous avez dit : "De mémoire de Fauta