Il se tient la tête un peu penchée sur la droite, les bras le long du corps. Tout en noir. Ahmed Bounaceur a 51 ans. Il est médecin urgentiste «spécialisé dans le traitement de la douleur» au centre hospitalier de Fontenay-le-Comte, en Vendée. Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, il a perdu sa femme, sa mère, et ses deux jeunes fils Ismaël, 4 ans et demi, et Camil, 13 ans, noyés sous ses yeux. Dans la tragédie des 29 morts de La Faute-sur-Mer, il est celui dont le nom revient sans cesse pour illustrer l'insoutenable, celui, disent les autres victimes, «qui a le plus perdu».
Cris.Son témoignage vendredi au procès dit de la tempête Xynthia était attendu. Il ne durera, contrairement aux autres, que quelques minutes. «Depuis le début de l'audience, commence le médecin, entendre les noms de mes enfants, de ma mère, de ma femme, et savoir que juste à côté il y a les gens qui par leur inconscience et leur incompétence sont responsables de leur mort, c'est trop dur. Depuis une semaine, j'entends les cris de mes enfants. Toutes mes prières cette nuit-là, c'était de mourir d'abord pour ne pas les voir mourir.»
A l'hiver 2007, Ahmed Bounaceur avait poussé la porte de l'agence immobilière de la Faute-sur-Mer, désireux d'acquérir une résidence secondaire. Philippe Babin, le directeur de l'agence, lui avait présenté un terrain. Et recommandé un entrepreneur, Patrick Maslin, également adjoint au maire. «Je n'étai