Rachel Lambert est douce, aime qu'on ne la remarque pas. «On m'a tellement jugée, cela m'a tellement blessée que je ne veux pas juger les autres», dit-elle. Depuis trois ans, elle est au centre d'une «affaire de fin de vie», comme la France et les médias adorent en raconter.
Drame privé, affaire publique : rarement un tel gouffre s'est créé entre les deux. Son mari, Vincent, a été victime en 2008 d'un accident de moto qui l'a plongé dans un état végétatif. Depuis, sa famille se déchire par voie de justice. D'un côté, sa femme, Rachel, la très grande majorité de ses frères et sœurs, l'équipe médicale du CHU de Reims sont pour l'arrêt des soins. Les parents de Vincent, appuyés par les réseaux intégristes, parlent d'assassinat. Vincent, lui, reste allongé, muré dans le silence d'une chambre surveillée nuit et jour de l'hôpital de Reims. Rachel : «Ecrire ce livre ? Comment écrire sur une histoire qui n'est pas finie ? Mais j'ai lu tellement de choses fausses et blessantes, insultantes, je voulais qu'il reste quelque chose de notre vérité et de la beauté de notre histoire d'amour qui ne se limite pas à cet accident.»
«Traditionaliste». Alors, elle a écrit, raconté des bouts de leur vie. Rachel est infirmière en psychiatrie comme Vincent. Tous les deux se rencontrent dans un service hospitalier. Une histoire classique, si ce n'est que Vincent vient d'une famille compliquée. «Une fratrie de neuf enfants. Un environn