Pour Luc Gwiazdzinski, géographe,au laboratoire Pacte de l'université Joseph-Fourier, la nuit est un «espace sous pression».
Comment la gentrification a-t-elle changé la nuit parisienne ?
Les évolutions viennent de deux types de gentrification. La première concerne les jeunes, qui investissent des quartiers à population «ethnique», attirés par des loyers moins onéreux. Belleville ou Barbès sont des lieux pétris d’une culture de l’extérieur. Mais une autre forme de gentrification est apparue : celle des jeunes cadres et des familles assez aisées, qui ne partagent pas du tout ces codes. Ces personnes ont bien sûr une culture de la vie nocturne, mais très différente. Ils sortent au théâtre, à l’opéra ou au restaurant.
Comment peut-on expliquer ces crispations sociales ?
A Paris, comme dans les autres villes, la vie nocturne est un espace sous pression : on tente de la repousser constamment vers d'autres lieux. C'est un espace de colonisation permanente. Quand on s'installe dans un quartier très actif, on aimerait qu'il le soit uniquement quand cela nous arrange. C'est évidemment impossible. Pour harmoniser les relations, je crois que les chartes de quartier peuvent jouer un grand rôle. Si tous les acteurs effectuaient un état des lieux du quartier en listant ce qui va et ce qui ne va pas, cela permettrait de mieux cerner les problèmes. Il suffit de regarder les endroits où naissent de nouvelles crispations, comme à Oberkampf, aux Grands