Le 17 septembre, Emmanuel Macron, qui prétendait dénoncer des situations insupportables, a évoqué des ouvrières des abattoirs Gad souvent «illettrées» et démunies de tout permis de conduire. Ce parfait représentant des «ours savants de la social-démocratie» jadis vomis par Aragon ignore manifestement que les abattoirs embauchent plutôt une main-d'œuvre masculine et s'autorise une condescendance typique des élites, qui n'ont eu de cesse depuis deux siècles de faire de la classe ouvrière un monde fruste et menaçant. En octobre 2013 pourtant, les salariés de Gad de Lampaul-Guimiliau dans le Finistère ont tenté de convaincre leurs collègues de Josselin, dans le Morbihan, de les soutenir et d'arrêter le travail. Or, plutôt que de se joindre à leur mouvement, ils les repoussèrent violemment. Ces scènes proprement tragiques illustrent que la désindustrialisation, qui attise en France les révoltes ouvrières, peut aussi déboucher sur une espèce de lutte de tous contre tous dans une large indifférence.
Car les contestations ouvrières contemporaines présentent deux visages radicalement différents. Dans les pays en pleine industrialisation rapide, les ouvriers (ils sont environ 400 millions en Chine) s’opposent avec une intensité croissante à une exploitation éhontée, opérée par des patrons locaux qui ne sont que les sous-traitants de firmes internationales, souvent occidentales : ainsi, la main-d’œuvre chinoise, notamment dans l’industrie électronique, aurait conduit p