Elle est arrivée dimanche un peu avant 13 heures, polaire verte et tournesol à la main, devant le 22, rue du Colisée, à Paris. C'est là, il y a vingt-six ans, dans le très cossu VIIIe arrondissement, que Rosen Hicher a fait sa première passe. A l'époque, elle cherchait un job et avait répondu à une petite annonce : «Bar cherche hôtesse. Salaire fixe plus pourcentage.» Les pourcentages étaient les cadeaux de diverses natures que les clients lui laissaient après les actes sexuels. Elle avait 31 ans.
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Aujourd'hui, les cernes semblent infinis et le regard un peu vague. Rosen Hicher est devenue abolitionniste. Elle dit que «la prostitution est une mort lente qui détruit méthodiquement chaque bulle d'humanité». Le 3 septembre, elle a entamé une marche de 800 kilomètres depuis Saintes (Charente-Maritime), lieu de sa dernière relation tarifée. Pendant six semaines, Rosen Hicher a remonté le fil d'une vie «brutale» pour en «exhumer les démons». Ce qui l'importe désormais, «c'est que plus aucune fille de la terre n'ait à subir un tel esclavage».
A quelques centaines de mètres de la rue du Colisée, face