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Libération
EDITORIAL

Indécence

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publié le 16 octobre 2014 à 19h56

Longtemps confiné aux jungles d’Afrique, le virus Ebola a atteint les capitales du continent. Aujourd’hui, il touche les personnels soignants de grands pays du Nord, comme si le virus n’était plus la seule malédiction du cœur des ténèbres. Il y a bien sûr une odieuse indécence à s’inquiéter seulement d’une épidémie qui a déjà tué des milliers d’Africains lorsqu’elle atteint les rivages occidentaux.

Tous les experts et spécialistes se veulent néanmoins rassurants : ni la France, ni l’Espagne, ni les Etats-Unis ne sont menacés par la pandémie. Les systèmes de santé, les protocoles de soins, la résistance des malades devraient éviter la propagation d’Ebola, dont sont principalement victimes trois pays d’Afrique, pauvres parmi les pauvres, aux infrastructures déliquescentes, et survivant, pour le Liberia et la Sierra Leone, à de meurtrières guerres civiles. Il reste que les mesures annoncées comme les contrôles aux frontières décidés par la France sont vains. L’OMS dénonce l’inutilité de cette illusoire surveillance alors que seule une réponse concertée de l’Europe, une nouvelle fois divisée et impuissante, aurait un sens. Seul espoir : que ces alertes incitent les pays riches à vraiment aider les Africains à circonscrire l’épidémie. Il s’agit d’une question d’éthique et de solidarité minimales alors que jusqu’à présent l’Occident est resté largement indifférent à cette nouvelle peste. Il s’agit aussi d’une question d’efficacité dans un monde mondialisé si l’on veut traiter la ma