Matthieu Hély, sociologue, est maître de conférences à l’université Paris-Ouest-Nanterre-la Défense qui a créé avec Paris-VIII-Vincennes-Saint-Denis le regroupement baptisé Paris-Lumières. Critique, il y voit surtout des menaces pour les libertés universitaires.
Pour vous, quel est l’intérêt de ces regroupements ?
Apparemment, il s'agit de gagner en visibilité internationale et de monter dans les classements comme celui de Shanghai. En regroupant les laboratoires de recherche, il y aura en effet plus de chercheurs qui publient [le nombre de publications est décisif dans ces classements, ndlr]. Mais je suis sceptique. Ce n'est pas parce que l'on publie 50 articles par an que l'on est un grand scientifique. D'après moi, il existe des questions beaucoup plus concrètes à traiter, comme les conditions d'études souvent déplorables en licence comme en master.
Quelles sont vos craintes ?
Je redoute une fusion des établissements dans le but de faire des économies d’échelle, avec des restructurations de services et la suppression de formations à faibles effectifs. Ce n’est d’ailleurs pas toujours négatif, quand il y a trois étudiants dans une formation. Mais il faut voir au cas par cas.
On risque surtout de détruire le peu qui reste de l’autonomie professionnelle des universitaires. Pour gouverner ces regroupements, on va chercher des personnalités extérieures, des représentants des collectivités, des entreprises… Les personnels se retrouvent minoritaires dans ces instances. J’ai ainsi des représentants syndicaux au conseil d’administration de Nanterre. Ils