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Libération
Reportage

«Je ne sais rien de la ville où on m’envoie, du logement promis»

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Mardi, le campement de Roms des Coquetiers, à Bobigny, a été évacué. Certaines familles font partie d’un programme d’hébergement, principalement en province.
Le campement des Coquetiers, à Bobigny, avant son démantèlement le 21 octobre. (Photo Lionel Charrier. Myop)
publié le 21 octobre 2014 à 19h56

Ciprian, 14 ans, joue sur la chaussée avec le chiot qu’il a reçu en cadeau d’anniversaire. Assise sur un trottoir à quelques pas de là, sa mère, Simona, pleure. Puis sèche ses larmes dans un soupir. Dans deux heures, elle sera à la gare Saint-Lazare. Direction Le Havre, où l’attend un logement dans un foyer d’insertion Adoma. Cette Roumaine d’origine rom, 39 ans, fait partie de la trentaine de familles du campement des Coquetiers, à Bobigny (Seine-Saint-Denis), à qui des propositions d’hébergement - principalement en province - ont été faites. Le bidonville, l’un des plus anciens du département, a été démantelé mardi, après une longue bataille judiciaire.

Simona a beau faire partie de la minorité relogée, elle s'inquiète. Son seul lien avec la Normandie, ce sont les billets de train que lui a fournis la préfecture. «Je ne sais rien de la ville où on m'envoie, ni du logement qu'on nous promet. Tant que je ne vois pas avec mes yeux…» Elle a accepté de partir, parce qu'elle «pense aux enfants». « Je ne veux pas qu'ils vivent la même vie que moi, qu'ils dorment dehors, dans un parc.» Elle dit cacher à Ciprian, son cadet, qu'elle fait parfois la manche dans le métro. «En Roumanie, j'avais un diplôme de boulangerie-pâtisserie. Mais ici, sans papiers, tu ne trouves pas de travail.» Outre la mendicité, elle survit grâce aux ménages et à la manucure.

Depuis qu’elle est arrivée en France, il y a treize ans, Simona n’a fait qu’arpenter la Sein