Salle comble. Ça va saigner. Sur le ring, Alain Finkielkraut et Christiane Taubira. Alors, se sent-elle responsable des affres et interrogations du philosophe ? Elle, avec sa «passion de l'égalité», son «humanisme pénal», sa défense d'une «société plurielle et métissée». Elle est surtout mal assise. «Le canapé a l'air confortable, mais ce n'est pas le cas.» La ministre s'éloigne du philosophe, opte pour une chaise. Lui ne bouge pas, petit cartable à ses pieds. Et se veut rassurant : «Je ne suis pas favorable à l'apartheid ni à l'esclavage.» Il nous parle d'une «société crispée», de «séparatisme qui menace la France», de violence, d'injures, de peurs qui paralysent la pensée, de l'immigration qui entraîne une dépossession démocratique, de l'égalité qui détruit l'école… Bref, son truc, c'est «la déploration». Taubira, le «règne du droit» et de «l'amour». «On n'empêchera pas les gens de circuler, de s'aimer et de faire des enfants qui leur ressemblent à moitié.» L'amour, Finkielkraut en veut aussi : «Loin de moi l'idée de le mépriser.» Et de se lancer dans un éloge des «échanges vifs et courtois» qui ont agité l'Assemblée nationale au moment du mariage pour tous. «C'était un vrai débat démocratique : l'élaboration en commun du sens par des individus qui se savent faillibles.» Taubira en tomberait de sa chaise. «C'est un débat plein de surprises.»
Récit
Transition démocratique : action, coaction
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(Stéphane Harter/agence VU)
par Noémie Rousseau
publié le 26 octobre 2014 à 19h06
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