Faire le 17 lorsque nous croisons un clown dans la rue ! La France a peur. On croit rêver. L’amuseur devient repoussoir, l’homme grimé au costume bariolé fait fuir. Les pitreries du clown ne font plus rire, elles inquiètent. Mais qui se cache derrière le clown «maléfique» ? Et en quoi révèle-t-il une curieuse manifestation du rire tel qu’il a pu être analysé par Bergson (Le Rire) ?
De quoi rions-nous en général ? De tout ce qui sort du cadre fixé par la société, que cela soit volontaire ou non. Nous sommes soumis à des lois, des codes, des habitudes. Nous sommes formatés dès notre plus jeune âge. Or la vie est faite d’imprévus et d’incertitudes. A nous dès lors d’ajuster cette part d’imprévisibilité aux façons de parler et de se comporter de notre milieu social, de notre groupe d’amis, ou d’une situation qui exige vigilance et adaptation. C’est pourquoi le rire se déclenche en présence du distrait aux chaussettes dépareillées ou de l’étourdi heurtant un poteau en tapant son SMS. Les gags de Pierre Richard font toujours recette, sans parler des bêtisiers de fin d’année. Le rire gentil ou franchement moqueur naît toujours d’un décalage avec la règle. Le rire sonne en réalité comme une infraction à l’ordre social, nous dit Bergson.
«Quel clown» ! Nous parlons ainsi de l’amuseur qui nous réjouit. Mais aussi de l’imbécile qui nous navre. Toujours en dehors du cadre, le clown possède plusieurs visages. Il peut susciter admiration ou rejet. S’entendre dire «Tu es vraiment un clown» p