Ils sont rieurs, mais profondément en colère. Depuis dimanche matin, une trentaine de parents d'élèves occupent un terrain vague au cœur de Saint-Denis, rebaptisé ironiquement «le ministère des bonnets d'âne», pour protester contre la pénurie d'enseignants dans leur département. Ils ont installé un «bar champignon», une structure de métal et de tôle, servant de lieu de réunion, et un abri en contreplaqué «comme ceux dans lesquels nos enfants vont en classe», glisse Mach-Houd Kouton, l'un des initiateurs de l'action. Avec deux autres parents, il vient de passer une nuit sur des planches de bois recouvertes d'un vague tapis pour que personne ne puisse détruire leur installation. «On a appelé cet endroit ministère des bonnets d'âne parce que l'on est punis pour le fait d'habiter sur un territoire délaissé. Il y a une discrimination négative et il faut retourner le stigmate.»
Les occupants de la petite friche urbaine viennent des quatre coins de Saint-Denis. Tous ont des enfants dans l'une des écoles de la ville et tous «ont des histoires gratinées» à raconter sur la scolarité de leurs enfants. «La goutte d'eau, ça a été le coup de l'inspection qui a "oublié" de nommer 18 instituteurs à la rentrée dernière», affirme Sybille, une mère sur les nerfs. «En septembre, deux écoles étaient sans direction. Quand on voit qu'un enfant parisien coûte bien plus cher à l'Education nationale qu'un enfant de l'académie de Créteil, ça fai