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Récit

Sivens : «Là, c’est vachement grave...»

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Sivens, barrage morteldossier
Près de trois semaines après le décès de Rémi Fraisse, des documents attestent que les gendarmes connaissaient tout des circonstances de la mort. Le gouvernement, lui, aurait joué la montre.
Lors d'une manifestation à Rennes, le 8 novembre. (Photo Damien Meyer. AFP)
publié le 12 novembre 2014 à 20h06

La reconstitution de l'opération de maintien de l'ordre des gendarmes mobiles contre des opposants au barrage de Sivens par leurs bandes enregistrées sur place et par leurs témoignages sur PV, publiés mercredi par le Monde et Mediapart, démontrent que les militaires et l'autorité judiciaire ont compris dès la nuit du 25 au 26 octobre que le jet d'une grenade offensive avait causé la mort de Rémi Fraisse. Or, le préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le chef du gouvernement, Manuel Valls, ont occulté ces éléments et gardé le silence pendant quarante-huit heures.

Dimanche 26 octobre, 1h45. «Un opposant blessé par OF»

D'après le lieutenant-colonel L. qui commande le dispositif, ses trois escadrons India, Alpha et Charlie, qui ont pour «mission de tenir le site» du chantier de Sivens, sont «harcelés» par une centaine de manifestants qui leur balancent des projectiles. Les forces de l'ordre répliquent par des tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) en caoutchouc, des «grenades lacrymogènes à fusils», des grenades explosives assourdissantes F4 et des grenades offensives OF pour dissuader et repousser des «opposants de plus en plus virulents et agressifs». La tension continue de «croître», selon le major A. qui réitère, via des haut-parleurs, «les avertissements réglementaires disant [qu'ils allaient] faire usage de grenades explosives après avoir invité les individus présents à quitter les lieux». Alors, «j'ai donné l'