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Libération
Récit

Dans la manif de policiers : «Les politiques nous laissent tomber»

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Quelques milliers de policiers ont défilé aujourd'hui à Paris contre la dégradation de leurs conditions de travail.
A l'appel du syndicat Alliance, les policiers manifestent pour l'amélioration de leurs conditions de travail. (Photo Sébastien Calvet)
publié le 13 novembre 2014 à 15h24
(mis à jour le 13 novembre 2014 à 19h08)

Il a 52 ans, et c'est la seconde manifestation de sa vie. La première fois, il avait 16 ans, c'était une «manif étudiante». Nicolas, policier en région parisienne, le cheveu grisonnant, manifestait ce jeudi à l'appel du syndicat des gardiens de la paix Alliance entre Bastille et République, à Paris. Avec quelques milliers de collègues, il est venu dénoncer la dégradation de ses conditions de travail, et le mal-être généralisé qui traverse la police.

L'austérité n'épargne pas les policiers. Dans un contexte de rigueur, leur situation matérielle se dégrade. Stéphane, de la police des frontières, dit travailler avec des «jumelles coupées en deux depuis cinq ans». Les véhicules à plus de 200 000 kilomètres au compteur sont légion, et les policiers sont obligés d'acheter eux-mêmes leur porte-menottes s'ils ne veulent pas les accrocher à leur ceinture. «A moins d'aller à Lourdes, se lamente Nicolas, on ne peut pas espérer de miracle.» Depuis 2010 et le gel du point d'indice des fonctionnaires, les salaires stagnent. Et les moyens humains diminuent.

A l'instar de bien des agents publics, les forces de l'ordre ne trouvent plus de sens dans leur travail. Ceux qui manifestaient ce jeudi exècrent la politique du chiffre qu'on leur impose. Stéphane «ne comprend pas» ces exigences. Il dénonce «des chiffres tronqués, des interpellations fictives» et raconte, mi-amusé mi-désespéré, les absurdités kafkaïennes de son quotidien : pour «f