Il y a un an pile, à 10 heures du matin, un homme armé en manteau kaki entre dans le hall de Libération et ouvre le feu sur un assistant photographe qui s'écroule, gravement blessé. L'inconnu se volatilise dans le métro, enfilant un anorak rouge, pour échapper aux recherches, puis réapparaît en tenue militaire à la Défense, en train de tirer en l'air devant la Société générale. Enfin, le fugitif prend en otage un automobiliste à Puteaux (Hauts-de-Seine) jusqu'aux Champs-Elysées. Trois jours plus tôt, il avait menacé d'un fusil un patron de BFM TV.
«Électrochoc». La brigade criminelle de Paris lance un appel à témoins avec des images de vidéosurveillance du tireur et débusque Abdelhakim Dekhar, 48 ans, à l'agonie dans un parking des Hauts-de-Seine. Il a tenté de se suicider. Lors d'un long interrogatoire, le 3 juillet, par le juge Quentin Dandoy, en présence de son avocat Thierry Lévy, Dekhar se dit «scandalisé» par «les chefs d'inculpation de tentatives d'assassinats» sur César et trois salariés de BFM TV : «C'est aberrant de croire que j'ai voulu tuer qui que ce soit.»Cet autodidacte de l'histoire des révolutions qui se prend pour un résistant veut mettre du panache sur ses piètres actions : «J'ai commis un acte politique. Ce que j'appelle, dans un jargon philosophique, un suicide altruiste.»
Fils d'immigré algérien ouvrier de la sidérurgie en Lorraine, Abdelhakim Dekhar, né à Algrange (Moselle