L'affaire Dassault change de dimension. Lorqu'ils ont mis en examen l'avionneur et sénateur UMP pour «achat de votes» le 10 avril, les juges Tournaire et Daïeff estimaient à 7 millions d'euros les «dons ou libéralités en argent» susceptibles d'avoir fait élire Dassault à la mairie de Corbeil en 2008, puis son homme lige, Jean-Pierre Bechter, en 2009 et 2010 (1). Avec la découverte du système géré par Gérard Limat, le comptable suisse (lire page 2), le compteur a explosé : les enquêteurs ont découvert 4,2 millions d'euros de nouveaux virements suspects ; et surtout 53 millions d'euros en liquide remis par Limat à Dassault, dont 7,4 millions sur la période 2008-2012, qui englobe les trois scrutins visés par l'enquête.
Si Limat assure avoir ignoré la destination des fonds, les juges sont convaincus qu’il a contribué à alimenter la corruption électorale présumée. Les bénéficiaires des virements sont majoritairement des habitants de Corbeil, dont plusieurs sont visés ou déjà mis en examen par les juges.
Village. Le comptable a versé 1,47 million d'euros aux beaux-parents de Younès Bounouara, l'un des chefs du réseau présumé (ce qu'il dément), incarcéré et mis en examen pour tentative d'assassinat et complicité d'achats de voix. L'enquête a établi que Dassault lui a donné 2 millions d'euros au Liban après les élections de 2010. Les documents saisis chez Limat montrent que l'avionneur a aussi versé à ses beaux-parents 6