C’est un terrifiant cas d’école qui explique la bouffée épidémique d’Ebola qui vient de survenir au Mali. On a là comme un condensé de dysfonctionnements, de silences et de cachotteries qui aboutissent à une situation aujourd’hui assez compliquée.
Si on laisse de côté le cas d'une fillette débarquant de Guinée en octobre, tout commence ou tout dérape avec l'arrivée d'un imam dans la polyclinique Pasteur de Bamako. C'est un établissement haut de gamme mais de réputation douteuse. Dans un rapport du 10 novembre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a retracé l'histoire : «M. Oussou Koita, âgé de 70 ans, est le grand imam de Kourémalé, côté guinéen. Apparaissent des signes de maladie vers le 17 octobre à Kourémalé. Le 18, il est conduit à la clinique privée Fidel Castro de Siguiri [Guinée, ndlr] par son fils Moussa Koita. Après cinq jours de traitement sans succès, il décide d'amener son père dans une nouvelle clinique de Kourémalé, mais cette fois-ci côté malien.»
Après deux jours de traitement, rien, aucun succès. «Moussa a ensuite conduit son père à la clinique Pasteur de Bamako à bord d'un véhicule personnel, avec comme passagers la première femme de l'imam, sa deuxième femme et Lansiné Koita, 50 ans, son petit frère.» Ils arrivent à la clinique Pasteur le 26 octobre. L'imam est hospitalisé, des examens biologiques et radiologiques sont effectués, note l'OMS. Le lendemain, il meurt. Très vite, on apprend que deux membres de sa famille sont déjà morts d'