Du pape, on attendait un message très social ; ce qui aurait sûrement suscité le consensus. Mais devant le Parlement européen et le Conseil de l’Europe (organisation de défense des droits de l’homme distincte de l’UE), Jorge Mario Bergoglio a surtout délivré un message philosophique et théologique, En quelque sorte, François, mardi à Strasbourg, a fait du Benoît XVI. Ce qui pourrait, une fois l’euphorie du voyage passée, faire grincer pas mal de dents. Car, sur des sujets qui fâchent, comme l’avortement, il a été sans concession.
Pourquoi le pape est-il venu à Strasbourg ?
François a voulu donner une feuille de route spirituelle et politique au Vieux Continent. «Nous avons devant les yeux l'image d'une Europe blessée, fatiguée, pessimiste qui se sent assiégée», a-t-il dit face au Conseil de l'Europe. Il a évoqué à plusieurs reprises une Europe à bout de souffle. En juin, il promettait de la réveiller. C'est donc bien ce qu'il est venu faire à Strasbourg, se retrouvant là sur le même registre que le président du Parlement européen, Martin Schulz. Vue d'Amérique latine, la crise de l'Europe est d'abord liée à la montée de la sécularisation. Dans l'esprit du pape, l'Europe a trahi son héritage, abandonné ses racines, un thème qu'il a martelé dans ses deux discours à Strasbourg.
Que reproche-t-il à l’Europe ?
François s'est surtout livré à une virulente critique de l'individualisme européen, contraire au développement du bien commun, du projet partagé par une communauté. «De l'individualisme indifférent naît la culture de l'opulence à laquel