La France doit revoir sa copie. Après dix ans de projet autour du barrage de Sivens (Tarn), mais surtout après la mort de Rémi Fraisse, jeune écologiste opposant au projet, la Commission européenne a adressé à l'Etat français une liste de reproches, pointant une «détérioration prévisible de l'état écologique de la masse d'eau». Il s'agit d'une mise en demeure, pour «violation présumée de la directive sur l'eau dans la réalisation du projet». La semaine dernière, Bruxelles avait fait savoir qu'elle allait lancer une procédure d'infraction contre la France. Son rapport argumenté vient d'être rendu public. Décryptage.
Des écosystèmes menacés
Bruxelles pointe notamment du doigt l'insuffisance des études mesurant l'impact écologique de ce projet. La Commission reproche par exemple «aux autorités françaises d'avoir sous-évalué les impacts du projet sur les habitats aquatiques, l'hydrologie et la continuité piscicole», et d'avoir entamé une rupture de la continuité écologique. En clair, plus on installe des ouvrages dans le lit d'une rivière (barrage, moulin…), plus on nuit à la migration des poissons et aux déplacements des sédiments. Or, dans le cas du projet de Sivens, compte tenu de sa hauteur (13 mètres) et de l'absence de passe-à-poisson, «le barrage ne sera pas franchissable par les espèces piscicoles».
Le changement des niveaux et de débits d’eau dans la rivière, de même que