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Interview

«Cela n’indique pas ce qui va bien et ce qu’il faut travailler»

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Pour. Pierre Merle milite pour la fin de la notation actuelle dans laquelle seuls les bons élèves se retrouvent :
publié le 8 décembre 2014 à 19h56

Le sociologue Pierre Merle, spécialiste de l'évaluation des élèves, explique à Libération les limites de la notation à la française et évoque des alternatives.

Quel bilan faites-vous des notes ? Avantages et inconvénients.

A mon avis, il n’y a que des inconvénients. D’abord, elles dépendent beaucoup du correcteur : une copie relue par plusieurs correcteurs obtient des notes différentes, voire très différentes. Ensuite, il existe des biais sociaux de notation : le professeur est inconsciemment influencé par le statut de l’élève - fille ou garçon, redoublant, enfant de milieux populaires ou de parents cadres. Enfin, la note crée une hiérarchie entre les bons et les faibles. Or un élève catalogué faible a le sentiment de l’être. Ses capacités à apprendre s’en trouvent largement réduites car l’évaluation a un effet retour sur l’apprentissage. Quand on demande à un élève faible en maths de reproduire une figure géométrique en maths, il n’y arrive pas. Si la même figure est proposée en dessin, il y parvient aussi bien que les bons en maths.

J’ajouterai que la note n’a jamais encouragé à bien travailler. Un bon élève travaille souvent pour avoir de bonnes notes, et ne s’intéresse pas toujours aux remarques des professeurs sur sa copie.

Par quoi pourrait-on alors remplacer cette notation chiffrée ?

Deux possibilités. La première est l’évaluation par compétences, avec des couleurs, déjà à l’œuvre dans 80% des écoles primaires. Pour un devoir de français, l’élève n’a plus une seule note, mais plusieurs : en orthographe, il aura orange car ce n’est pas terrible, en syntaxe jaune car ce n’est pas trop ma