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TRIBUNE

Changer la loi ? non, l’appliquer…

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par Marie de Hennezel, Psychologue, psychothérapeute
publié le 11 décembre 2014 à 18h56

Je fais partie de ces personnes qui, depuis longtemps, militent pour qu’il y ait une pédagogie autour de la loi Leonetti. Car tout est dans cette loi, mais on n’a pas appris aux médecins à lire entre les lignes. La loi est là, mais les médecins ne savent pas quoi en faire. Tout est dedans : la possibilité de soulager au risque d’écourter la vie, la possibilité de faire une sédation, les directives anticipées, la désignation d’une personne de confiance. Pourquoi est-elle si mal appliquée ? Peut-être manque-t-elle de clarté ? Peut-être notre résistance culturelle bien réelle face à la mort empêche-t-elle de s’approprier cette loi ? Je doute qu’une autre loi, allant plus loin, soit mieux appliquée.

Dans mon livre, Nous voulons tous mourir dans la dignité (Robert Laffont, 2013), j'ai eu un coup de colère contre les pouvoirs publics. Ayant animé plus de 70 forums hospitaliers sur la fin de vie, lors du tour de France des régions, effectué entre 2005 et 2007, j'ai demandé à ce qu'on généralise cette expérience qui a montré que lorsqu'on explique la loi et qu'on peut se l'approprier, les choses changent. On m'a répondu que c'était impossible de rendre une information sur les bonnes pratiques en fin de vie obligatoire dans les hôpitaux. Je n'ai toujours pas compris cette position. Je reste persuadée que si cette mesure de pédagogie avait été adoptée, nous n'en serions pas là. Je me demande si le déni de la mort, encore vécue comme un échec, n'est pas pour quelque chose dans