Comme à chaque fois lorsqu'il s'agit de cannabis, le gouvernement ne cherche pas à comprendre : il frappe d'abord. Quand, fin novembre, un rapport parlementaire suggérait de changer la loi sur son usage, Marisol Touraine a dit niet d'emblée : surtout, pas de débat. Mardi, apprenant le lancement du Kanavape, un vaporisateur à cannabis, la ministre de la Santé a eu le même réflexe : elle va saisir la justice pour faire interdire cette e-cigarette. «Je suis opposée à ce qu'un tel produit puisse être commercialisé en France», car «cela constitue une incitation à la consommation de cannabis», qui est «potentiellement répréhensible par la loi», a-t-elle expliqué sur RTL.
Effet. Marisol Touraine aurait dû, avant, chercher à savoir. Certes, les promoteurs du Kanavape, trois Français et une Tchèque, ont oscillé dans leur communication. D'abord, ils ont vanté «le premier vaporisateur aux cannabinoïdes 100% légal», garanti «sans effet psychotrope», car sans THC (tétrahydrocannabinol), le principe actif interdit par la loi. Simplement riche en CBD (cannabidiol), autre principe actif mais non visé par la convention internationale de 1971, leur produit offrant «les bienfaits de la relaxation, contre le stress et l'anxiété» est à leurs yeux légal.
Mais certains médias ayant évoqué un «e-joint», ils ont rétropédalé mardi : «On n'est pas un vaporisateur à cannabis», a rectifié Antonin