Le camping-car poussif grimpe vers les hauteurs de Villeneuve-Saint-Georges. Laissant la Seine en bas, délaissant les pavillons de meulière du coteau, il rejoint les cités du plateau de cette commune du Val-de-Marne. La nuit est tombée depuis un moment. Yazid Kherfi se gare sur un parking. Quelques jeunes l’observent depuis un hall.
Ancien braqueur, ancien taulard, Yazid arpente depuis bientôt vingt-cinq ans les cités (lire ci-contre), surtout la nuit, quand les plus durs occupent l'espace. Les villes et des institutions ont abandonné depuis longtemps ce moment rugueux, les services publics s'arrêtent en fin d'après-midi, la plupart des éducateurs rentrent chez eux. Les municipalités préfèrent s'en remettre à la police. Elles ne savent plus du coup qui sont ces jeunes qui tiennent le bitume, font peur et se mettent en danger. Certaines font appel à Yazid pour tenter de renouer le contact. Il arrive alors avec son camping-car pour ce qu'il appelle une médiation nomade (1).
A Villeneuve-Saint-Georges, deux cités s’affrontent depuis des mois. Parfois à balles réelles. Yazid passe de l’une à l’autre, un soir sur le Plateau, le lendemain dans le quartier Nord, pour comprendre les rivalités, et tenter de reconnecter les éducateurs avec leur public. Pour l’instant, il déplie l’auvent, installe tables et bancs pliants, monte avec des employés municipaux un petit chapiteau, des braseros, une enceinte pour la musique. Il fait froid, le camping-car détonne dans la cité. Quelques