Gérard Vincent est le délégué général de la Fédération hospitalière de France, qui regroupe tous les hôpitaux publics. Il répond aux médecins libéraux qui reprochent à l’hôpital public de prendre trop de place dans l’univers de la santé.
L’hôpital public est accusé de vouloir toute la place et de rendre impossible la médecine de ville. Est-ce le cas ?
Evidemment que non. L’évolution actuelle n’est pas de notre volonté. L’hôpital public a conscience d’en faire un peu trop. Mais, malheureusement, tout concourt à ce qu’il prenne de plus en plus de place.
Pour quelle raison ?
Il y a trois raisons à cette tendance. D’abord, il y a des endroits où la médecine de ville est peu présente. Quand vous êtes malade et que vous vivez dans un désert médical, où pouvez-vous aller si ce n’est à l’hôpital ? Deuxième raison : le soir, la nuit, le week-end, quand il n’y a pas de médecins de garde, quand les libéraux délaissent la permanence des soins, où peut aller le malade si ce n’est aux urgences hospitalières ? Troisième raison, les Français se sont rendu compte que, lorsqu’ils arrivent aux urgences, ils voient un médecin, certes parfois après une attente un peu longue, mais à l’hôpital tout est possible : il y a un plateau technique, avec la radiologie, et les laboratoires pour faire des examens. Bref, c’est pratique. On dit que le parcours de soins commence par le médecin de ville. Certes, mais le patient peut avoir besoin d’examens radiologiques, biologiques, etc. Il faut prendre des rendez-vous, se déplacer, cela prend du temps. Et donc, logiquement - et je le dis, malheureusement -, les Français prennent des mauvaises hab