On aura rarement vu médecin se précipiter si vite aux portes des urgences. Qui plus est un chef de service… Lundi matin, c'est Dominique Pateron, en charge des urgences à l'hôpital parisien Saint-Antoine, qu'on a vu accourir pour minimiser le mouvement de grève censé frapper son service. Pour lui, «la grève n'est pas la meilleure façon d'agir, elle est incompréhensible pour le grand public, sans doute peu efficace». D'ailleurs, elle serait ici quasiment invisible : seul un urgentiste sur vingt suivrait le mouvement. Une attachée de presse souriante fait comme si de rien n'était : «Des grévistes ? Il n'y en a pas, la machine tourne parfaitement, tout va au mieux.» Circulez, y'a rien à voir ?
A errer dans les urgences, on finit tout de même par rencontrer ces fantômes qu’on cherche à nous cacher. A Saint-Antoine comme ailleurs, des urgentistes se sont mis en grève. Sauf qu’ils ont eu consigne de se taire. Qui plus est, aucun brassard ne vient symboliquement témoigner d’une quelconque participation au mouvement. Pourtant, entre deux portes, des médecins se disent grévistes, assurant évidemment la continuité du service public, mais quand même, mobilisés. Reste que la grève est ici honteuse. Ou trop pressée. Les urgentistes n’ont pas le temps de parler. Les malades sont trop nombreux, et ils n’attendent pas.
Le chef de service lui-même se dit solidaire des revendications. Pas question de supporter la grève, mais totalement d'accord sur le fond. Effectivement,