La décision, prise par i-Télé, de mettre fin au contrat d'Eric Zemmour suscite des commentaires si confus qu'il paraît nécessaire de faire le point sur le sens du mot «liberté d'expression». La liberté d'expression est un principe politique qui stipule que l'Etat se refuse à infliger une sanction à quelqu'un pour ses propos, quels qu'ils soient. Il s'agit d'un principe juridique qui contraint l'Etat à se limiter dans l'exercice de son pouvoir, et non pas d'une exigence morale adressée aux particuliers pour qu'ils se montrent «tolérants», «pluralistes» ou «à l'écoute» les uns des autres. Un tel principe ne saurait obliger quelque organisme de diffusion que ce soit à «représenter la diversité des opinions» - tâche au demeurant absurde, car elle serait infinie, et, par ailleurs, contraire à la liberté d'expression elle-même, puisqu'elle empêcherait un particulier (une chaîne de télévision est un particulier à partir du moment où il n'y a plus de chaîne officielle) de gérer son propre espace d'expression comme il l'entend.
Dans le cas qui nous occupe, la liberté d'expression exige que l'Etat ne condamne pas les propos de M. Zemmour, quels qu'ils soient, mais certainement pas qu'un et même plusieurs médias (car M. Zemmour ne manque pas de tri