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Libération
Reportage

Grand froid : des SDF contraints de s’adapter «continuellement»

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Recherche d’auvents, baptisés «les casquettes», emmitouflage dans des sacs de couchage façon «poupées russes»… A Paris, Wenceslas, Abdelghani ou Xavier racontent leur lutte hivernale.
Maraude de l'association Les Robins des rues, qui vient en aide aux sans-abris à Paris, en 2009. (Photo Stéphane Lagoutte. )
publié le 29 décembre 2014 à 21h06

«C'est la merde, c'est la merde totale», répète Abdelghani. Dans le froid de la place de la République, à Paris, il attend, toute la journée, que le temps passe. A 58 ans, cet ancien cuisinier n'a qu'un sac à dos, dans lequel il cache une couette. Il a un gros bonnet noir, enfoncé sur la tête, nuit et jour. C'est son premier hiver dans la rue. Depuis le mois d'août, il n'a plus de toit. L'hiver, «j'y pense beaucoup, mais je l'affronte tel quel». La nuit précédente, il n'en pouvait plus, il était «frigorifié, gelé». Alors il a marché, jusqu'à un hôtel pas cher dont il avait entendu parler, à côté de la gare de l'Est. Des 50 euros d'économie qu'il avait en poche, il en a lâché 30, «pour prendre une petite chambre, pour une fois», sans aucune certitude du lendemain.

«Lavabos». Quand le grand froid arrive, «il faut s'adapter, continuellement», indique Wenceslas, croisé avenue Ledru-Rollin. Agé de près de 50 ans, le visage de Klaus Kinski, il est sans abri depuis octobre 2008. Lui possède une tente, fermement accrochée au chariot qui l'accompagne au cours de ses longues marches dans l'Est parisien. Pour se protéger des températures glaciales, il «installe des tapis de sol, les plie au niveau des pieds pour faire écran par rapport au froid». Il utilise aussi «la technique des poupées russes» : mettre un sac de couchage à l'intérieur d'un autre. L'un des deux «fait d'ailleurs cag