Florent Gueguen est directeur général de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars) qui fédère plus de 850 associations gérant des centres d’accueil, d’hébergement et de réinsertion.
Quel est l’état actuel de la proposition d’hébergement d’urgence ?
A l’échelle nationale, les chiffres de l’accès au 115 sont assez catastrophiques : une demande sur deux n’aboutit pas, ce qui signifie qu’une personne sur deux n’obtient pas d’hébergement. Le baromètre 115 de la Fnars est sorti la semaine dernière et les chiffres sont encore plus glaçants que d’ordinaire. Sur 37 départements étudiés, on comptabilisait 4 000 sans-abri en novembre 2013, un chiffre qui est passé à 9 000 en novembre 2014. Ça fait deux fois plus de personnes à la rue, en un an. Ce qui corrobore les chiffres de l’Insee publiés en 2014 qui faisaient état d’une augmentation de 44% du nombre de sans-abri sur les dix dernières années. Pour répondre à cette demande accrue, on note une augmentation des prises en charge hôtelières, avec une concentration très forte en Ile-de-France. C’est un dysfonctionnement majeur du système de prise en charge. Plus de 30 000 personnes se retrouvent à l’hôtel avec une situation catastrophique. Selon une étude récente du Samu social de Paris, 80% des familles qui y sont accueillies sont en insécurité alimentaire, sans accompagnement social et sans perspectives de sortie. Ce sont des places précaires et de véritables culs-de-sac pour ces personnes.
Comment expliquez-vous une telle saturation ?
Il y a deux grands phénomènes. D’abord, on remarque une évolution du pu