La belle aura duré moins de deux heures. Deux détenus se sont évadés vendredi matin de la prison de l'île de Ré. Ils ont été arrêtés sur le parking d'un centre commercial de Saint-Martin-de-Ré aux alentours de midi. Les deux hommes travaillaient aux ateliers de la centrale, qui abritent des hommes condamnés à de longues peines, vendredi. Vers 10 heures, ils ont «agressé le technicien qui les encadrait, lui dérobant son portable, ses clefs et le ligotant avec du câble électrique», selon le parquet de La Rochelle. «Ils sont ensuite sortis des bâtiments, parvenant à franchir le mur d'enceinte au moyen d'un câble électrique.»
Une fois à l'extérieur, «ils ont menacé une automobiliste avec une arme», dont la nature n'a pas été précisée par le parquet, afin de se faire conduire sur le continent. Mais cette dernière «est parvenue à prendre la fuite». La gendarmerie a lancé un dispositif classique de recherche mobilisant une cinquantaine d'hommes. Ils ont dressé un barrage sur le pont de l'île, seul accès vers le continent.
Les deux hommes ont finalement été interpellés sur un parking. L’un d’eux s’est rendu facilement tandis que son compagnon a tenté de fuir, selon la gendarmerie. Ils ont tous les deux été placés en garde à vue. Une inspection de l’administration pénitentiaire a été dépêchée sur place pour analyser les conditions de cette évasion - assez exceptionnelle dans cette prison insulaire. Construite en 1690, cette forteresse Vauban a abrité pendant soixante-cinq ans (de 1873 à 1938) les condamnés aux travaux forcés, avant qu’ils n’embarquent vers les bagnes de Guyane ou de Cayenne. L’unique cas d’évasion réussie est celui, en novembre 1967, du Suisse Claude Tenne, membre de l’Organisation armée secrète condamné à perpétuité pour avoir participé au meurtre d’un commissaire à Alger. Il s’était évadé en se cachant dans la cantine d’un prisonnier libéré, et les gardiens ne s’étaient aperçus de son absence que le lendemain, ce qui lui avait laissé le temps de s’enfuir. L’homme n’avait pas été repris et était revenu en France après l’amnistie générale d’août 1968.