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Libération
EDITORIAL

Malaise

publié le 6 janvier 2015 à 20h06

On aime bien son docteur. Le médecin des corps est aussi le confident des joies et des peines. Médecin des familles avec toutes les pluralités des âges et des familles du XXIe siècle. C'est dire que la grève des généralistes, même inégalement suivie, paraît une bien étrange pathologie dont on aimerait trouver la cure. On ne veut pas son docteur mécontent, lui qui est là pour soigner et rassurer. On comprend mal que cet homme (une femme le plus souvent d'ailleurs) fasse grève contre le tiers payant, mesure qui paraît de bon sens, simplifiant la vie des assurés sociaux et supprimant les barrières financières aux plus pauvres pour mieux se soigner. On peut bien sûr accuser la ministre de la Santé de maladresses, d'avoir voulu imposer sa réforme, sans trop de pédagogie, ni de négociations. Trop empressée à réglementer, pas assez disposée à refonder la profession. Mais rien ne permet de dire, comme les syndicats de médecins, que la santé française soit menacée d'étatisme. Déjà, de nombreux professionnels pharmaciens, kinés ou infirmières acceptent le tiers payant. Déjà, toute l'Europe a adopté cette pratique. Déjà, de nombreux généralistes, fuyant le statut libéral, ont préféré le salariat ou les maisons médicales pour avoir une vie à eux, sans abandonner leurs tâches primordiales de soin et d'écoute. Preuve que les nouveaux médecins sont prêts à évoluer, tout en restant les piliers du système de soins français. Il n'y a sans doute pas de médicament miracle pour soigner le malaise médical, mais ministre et docteurs ont tout intérêt à trouver une solution pour la bonne santé des Français.