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Libération

Soutien en capitales à travers le monde

Fusillade meurtrière à «Charlie Hebdo»dossier
A Londres, Berlin ou Washington, chefs d’Etat ou simples parlementaires ont exprimé leur solidarité avec Paris face à une attaque contre la liberté de la presse.
Manifestation de solidarité à Trafalgar Square, à Londres, le 7 janvier au soir, après l'attaque contre «Charlie Hebdo» . (Photo AFP)
publié le 7 janvier 2015 à 21h06

Le monde en état de choc. Le carnage à Charlie Hebdo a horrifié presque tous les pays. Tour d'horizon des principales réactions par nos correspondants.

Etats-Unis «Vive la France, vive la presse libre»

Le président américain a rapidement condamné une «fusillade terrifiante». «La France est le plus ancien allié de l'Amérique, et elle a été côte à côte avec les Etats-Unis dans la lutte contre les terroristes qui menacent notre sécurité commune», a ajouté Barack Obama. Sur les réseaux sociaux, on rappelait toutefois qu'en 2012, lorsque Charlie Hebdo avait publié les caricatures de Mahomet, la Maison Blanche avait émis des réserves. De nombreux élus, démocrates et républicains ont réagi sur Twitter à cette attaque. «Nous devons toujours rester vigilants contre les ennemis de la liberté de la presse», a commenté le leader de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner. «Une attaque haineuse contre des innocents est une attaque contre chacun d'entre nous», a réagi l'élu démocrate Gregory Meeks. «L'attaque contre Charlie Hebdo est une obscénité», a commenté l'écrivain Douglas Kennedy, avant de conclure, en français : «Vive la France ! Vive la presse libre !» Autre responsable à parler en français : le secrétaire d'Etat, John Kerry, qui a exprimé le soutien du peuple américain.

Royaume-Uni «Unis au côté de la France»

Au Royaume-Uni aussi, le mot d'ordre en forme de hashtag s'est répandu mercredi sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre. En quelques heures, les Britanniques ont repris la formule à leur compte, en français. Quelques minutes à peine après l'attentat, le Premier ministre, David Cameron, exprimait son horreur. Devant les députés réunis à la Chambre des communes, il condamnait «une attaque barbare». «Je sais que cette assemblée et ce pays se dressent unis, aux côtés de la France, en s'opposant à toute forme de terrorisme et en défendant farouchement la liberté d'expression et la démocratie.» En miroir, le chef de l'opposition travailliste, Ed Miliband, exprimait sa «détermination à défaire» ceux qui «attaquent notre manière de vivre démocratique et la liberté de parole». Alex Messie, journaliste-blogueur pour The Spectator, l'un des plus anciens et plus fameux magazines satiriques au Royaume-Uni, rappelait le précédent de Salman Rushdie : «Il n'avait pas cherché les ennuis. Les ennuis lui sont tombés dessus, sur lui et tous ceux associés à la publication de son roman», les Versets sataniques. «Je suis Charlie ? […] Je ne sais pas si assez d'entre nous sont Charlie Hebdo, comme je ne sais pas si trop peu d'entre nous étaient prêts, il y a vingt-cinq ans, à dire "Je suis Salman", a-t-il écrit. Mais il n'y a plus le temps, ni de lieu où se cacher. Si vous n'étiez pas Charlie Hebdo mercredi, il est temps, aujourd'hui, de le devenir.»

Allemagne Angela Merkel «bouleversée»

L'attentat contre Charlie Hebdo a provoqué une vague de réactions en Allemagne, de nombreux sites de presse comme celui du Spiegel suivant même «heure par heure» le déroulement du drame. Les réactions politiques se sont multipliées. Angela Merkel s'est dite «bouleversée» par un «attentat ignoble». «Cet acte horrible n'est pas seulement une agression contre la vie de citoyens français et la sécurité intérieure de la France, ajoute la chancelière dans un télégramme de condoléances adressé mercredi à François Hollande. C'est une attaque contre la liberté de la presse et d'opinion qui est un élément clé de notre culture libre et démocratique. L'Allemagne se tient étroitement aux côtés de la France dans cette heure douloureuse», a poursuivi Merkel. Le chef du SPD, Sigmar Gabriel, assure également le gouvernement français de son soutien «face à cette mentalité terroriste fanatique. L'attentat terroriste de Paris s'attaque à la liberté de presse dans notre société ouverte» avant d'assurer «de notre entière solidarité, les familles des victimes mais aussi les journalistes, les écrivains et les artistes qui s'engagent pour la liberté de parole».

Espagne «Protection des intérêts français»

A Madrid, la nouvelle de l'attentat contre Charlie Hebdo a créé la stupeur. Depuis septembre, du fait des menaces proférées par des combattants islamistes espagnols en Syrie, les autorités ont mis le pays en alerte terroriste «niveau 2», soit «assez grave». Et après la tuerie de Paris, le ministre de l'Intérieur, Fernández Díaz, a aussitôt augmenté le degré d'alerte à «2+» et annoncé «la protection spéciale des intérêts français» en Espagne. Il a aussi convoqué une réunion urgente de tous les services de sécurité et des forces antiterroristes.

De son côté, le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, a appelé François Hollande, avant de manifester via son compte Twitter sa «plus ferme condamnation» de ce «terrible» attentat. Quant à la Fape, la principale fédération des journalistes espagnols, elle a dénoncé un «acte tragique qui met en danger la liberté d'expression et le droit des citoyens à recevoir une information pleinement libre».

Liban «Symbole de la liberté d’expression»

La fondation Samir-Kassir, qui porte le nom du journaliste de gauche assassiné en 2005 à Beyrouth, a été la première à réagir à l'attentat contre Charlie Hebdo : «Face aux assassins, qu'ils opèrent en France, au Liban, en Syrie ou tout autre pays, la seule réponse est celle que Charlie Hebdo a donnée depuis de nombreuses anné es : aller toujours plus loin dans le refus de la censure.» Ayman Mhanna, le directeur de la fondation, se dit «choqué», «dégoûté» : «Charlie Hebdo était le symbole de la liberté d'expression. La marque d'une démocratie, c'est d'avoir de tels journaux irrévérencieux, ou tout est permis. Au Liban, il n'existe pas de presse similaire.» «La liberté d'expression a été visée en plein cœur. Et cette attaque est symptomatique de la dégradation sécuritaire que nous vivons chaque jour dans toute la région», réagissait mercredi Najib Aoun, le rédacteur en chef du quotidien l'Orient-le jour.

Turquie Condamnation, silence et ambiguïté

Plusieurs personnalités politiques ont condamné l'attentat contre Charlie Hebdo. Mais le président de la République, Recep Tayyip Erdogan, et le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, n'avaient toujours pas réagi à 16 heures (heures de Paris). Deux quotidiens progouvernement ont carrément pointé du doigt la responsabilité de Charlie Hebdo : Akit, islamo-nationaliste, évoquait mercredi sur son site en première page une «attaque contre le journal qui a provoqué les musulmans». Turkiye, islamo-conservateur, titrait de son côté «attaque contre l'hebdomadaire qui a insulté Notre Cher Prophète». Mais Leman, hebdomadaire satirique cousin de Charlie, affichait des pages noires en signe de deuil.