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Les faits

Le bilan d'une journée de traque

Fusillade meurtrière à «Charlie Hebdo»dossier
Les trois preneurs d'otages, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, auteurs présumés de l'attentat à «Charlie Hebdo» et de la fusillade à Montrouge, ont été tués vendredi dans les assauts des forces de l'ordre, faisant au moins quatre autres morts.
Les forces de l'ordre près de la Porte de Vincennes, le 9 janvier. (Photo Sébastien Calvet)
publié le 9 janvier 2015 à 19h11
(mis à jour le 10 janvier 2015 à 0h21)

Deux jours après l'attentat contre Charlie Hebdo, les suspects, Chérif et Saïd Kouachi, ont été tués vendredi dans l'assaut donné par la police à Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne, où ils retenaient en otage les salariés d'une imprimerie. A Paris, Porte de Vincennes, Amedy Coulibaly, l'auteur présumé de la fusillade à Montrouge, a également été tué dans l'assaut d'une épicerie casher, où il détenait des otages. Quatre otages sont également morts à Paris, et sept policiers ont été blessés, quatre à Paris et trois à Dammartin-en-Goële.

Cinq morts dans la prise d’otages Porte de Vincennes

A Paris, Amedy Coulibaly retenait en otages, depuis 13 heures environ, au moins cinq personnes dans une épicerie casher, Porte de Vincennes. Il a été tué dans l’assaut lancé par les forces de l’ordre peu après 17 heures. Quatre policiers ont été blessés et quatre corps ont été retrouvés sur les lieux. Selon le procureur de Paris, ces otages n’ont pas été abattus pendant l’assaut mais auraient été tués par Coulibaly en entrant dans l’épicerie.

Amedy Coulibaly était équipé de deux pistolets 9 mm, d'un fusil-mitrailleur kalachnikov, d'un gilet avec munitions et couteau et d'une quinzaine de bâtons d'explosifs. Des explosifs à usage civil ont été déposés dans le magasin, ainsi qu'un détonateur. Il est soupçonné d'être l'auteur de la fusillade de Montrouge jeudi, et était lié aux frères Kouachi. L'épouse de Saïd Kouachi a échangé plus de 500 appels avec la compagne d'Amedy Coulibaly sur l'année, selon le procureur de Paris. Pendant plusieurs heures, les élèves des écoles alentour à Paris, Vincennes et Montreuil sont restés confinés dans leurs établissements, le périphérique parisien coupé et le trafic RATP perturbé. Le plan Vigipirate a été relevé au niveau le plus élevé «alerte attentat» en Ile-de-France.

Les frères Kouachi abattus à Dammartin-en-Goële

Saïd et Chérif Kouachi ont été tués dans l’assaut des forces de l’ordre dans une imrpimerie à Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne, vers 17 heures. Deux personnes se trouvaient dans l’entreprise au moment de la prise d’otages. Selon le procureur, le gérant a été un temps pris en otage par les frères Kouachi. Un salarié s’est, lui, réfugié au deuxième étage, dans la salle de restauration, sous l’évier, sans que les preneurs d’otages ne s’en rendent compte. Selon le maire de Dammartin, il s’agit d’un commercial, âgé de 26 ans. Ces deux personnes ont été libérées indemnes. En revanche, trois policiers ont été blessés, deux du Raid et un du GIGN.

A 17 heures, la porte de la façade s'entrouvre, selon le procureur. «Les deux frères sortent et tirent en rafale en direction du GIGN qui riposte avec des grenades à effet de souffle.» Les tirs en rafale continuent, et les forces de l'ordre sont «contraintes de les neutraliser». Sont retrouvés sur les frères Kouachi un lance-roquettes engagé, 10 grenades fumigènes, 2 kalachnikovs, 2 pistolets automatiques et une grenade sur le corps.

Les frères Kouachi sont soupçonnés d'être les auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo mercredi. Un appel à témoins avait été lancé par la police pour les retrouver. Dans la matinée de vendredi, un échange nourri de coups de feu avait eu lieu avec des policiers. Ils avaient repéré une Peugeot 206, volée quelques kilomètres au nord, à Montagny-Sainte-Félicité (Oise). La propriétaire du véhicule dit avoir reconnu les frères Kouachi, selon des sources policières. Ils auraient dit qu'ils étaient là pour «venger le prophète».

La commune de Dammartin-en-Goële, 8 000 habitants, était depuis totalement bouclée par les forces de l'ordre. Des hélicoptères survolaient le site, encerclé par les hommes du GIGN et du Raid. Les habitants étaient confinés chez eux, tout comme les enfants dans les écoles.

Coulibaly auteur présumé de la fusillade de Montrouge

Amedy Coulibaly, tué dans l'assaut à Porte de Vincennes, est le suspect numéro 1 de la fusillade qui a éclaté ce jeudi matin à Montrouge (Hauts-de-Seine). Bilan: une policière municipale de 26 ans tuée et un agent de la voirie blessé. Un appel à témoins avait été lancé par la police avec la photo du jeune homme de 26 ans, et celle de sa compagne, Hayat Boumeddiene, 26 ans. Amedy Coulibaly est en contact régulier avec Chérif Kouachi, l'un des deux suspects de l'attentat à Charlie Hebdo. Deux de ses proches, visiblement ses parents, ont été interpellés très tôt ce matin à Grigny (Essonne). Deux autres sont également toujours en garde à vue depuis jeudi dans les locaux de la police judiciaire des Hauts-de-Seine.

Deux versions sont retenues par la police sur ce qui s'est passé jeudi à Montrouge. Dans la première, le tireur pourrait être l'un des deux conducteurs impliqué dans l'accident. Dans la deuxième, le tireur aurait surgi dans une Clio en tirant depuis son véhicule avec une arme automatique. La police judiciaire parisienne, qui enquête en flagrance sous l'autorité du parquet, a désormais tendance «à rapprocher les deux affaires» avec l'attentat à Charlie Hebdo. Le parquet antiterroriste a ouvert un dossier pour les chefs «d'assassinat et tentatives, en relation avec une entreprise terroriste» en raison «du contexte actuel, de l'armement lourd de l'auteur des faits, et du caractère délibéré d'un acte visant les forces de l'ordre».

Vague de rumeurs et de fausses alertes

Depuis l'attaque contre Charlie Hebdo, de nombreuses rumeurs ont également été relayées, témoignant du climat de peur dans le pays. Jeudi d'abord, les services des ressources humaines de plusieurs sociétés ont diffusé une information selon laquelle «un homme armé et dangereux circulerait au niveau de la Défense», ensuite démentie.

Puis ce vendredi, l'esplanade du Trocadéro, le musée de l'homme et la station de métro, dans le XVe arrondissement de Paris, ont été brièvement évacués ce vendredi en début d'après-midi par les forces de l'ordre. Des passants ont signalé aux agents de la RATP la présence d'un homme armé qui aurait circulé dans le quartier. Sur son compte Twitter, le ministère de l'Intérieur affirme qu'il s'agit d'une fausse alerte.

Deux personnes ont également été interpellées dans la nuit de jeudi à vendredi près de Dijon après un appel anonyme dénonçant «un individu de nationalité marocaine qui aurait l'intention de commettre des actes de délinquance sur Dijon» et qui serait susceptible d'avoir «des armes» à son domicile, selon le procureur. Les perquisitions n'ont rien donné.

Charlie Hebdo, Montrouge, Porte de Vincennes, Dammartin-en-Goële