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Libération

Les musulmans visés dans tout l’Hexagone

Tags sur des mosquées, lycéen agressé… Depuis l’attentat, quatorze attaques contre la communauté ont eu lieu.
publié le 9 janvier 2015 à 19h56

Depuis l'attentat contre Charlie Hebdo , au moins quatorze actes visant la communauté musulmane ont été recensés. S'ils étaient récurrents bien avant, ils se sont multipliés depuis le milieu de la semaine. Dès la nuit de mercredi à jeudi, des lieux de culte avaient été attaqués au Mans (Sarthe) et à Port-la-Nouvelle (Aude). Jeudi matin, un engin artisanal avait explosé à proximité d'une mosquée de Villefranche-sur-Saône (Rhône). «Nous avons un lien de confiance très ancien avec la communauté musulmane, commente le maire du Mans, Jean-Claude Boulard. Les appels à la paix des imams, ça peut aussi intéresser des non-musulmans.»

Des inscriptions contre l'islam ont été découvertes sur les murs de mosquées à Poitiers, Liévin et Béthune, ainsi que sur une artère de Mâcon. A Bischwiller (Bas-Rhin), le tag était en allemand ; à Rennes, en breton. A Bayonne, les mots «Charliberté», «assassins» et «sales arabes» ont été tagués à la peinture jaune sur les murs de la mosquée. Des enquêtes sont en cours. A Aix-les-Bains (Savoie), la piste criminelle est privilégiée dans l'incendie de la mosquée historique.

Jeudi, après la minute de silence au lycée L'Oiselet de Bourgoin-Jallieu (Isère), un élève d'origine maghrébine a été frappé par un groupe de quatre ou cinq élèves sur un parking, après avoir essuyé des insultes racistes. Un médecin lui a prescrit trois jours d'arrêt et les agresseurs ont été placés en garde à vue. «Cet événement a concerné seulement quelques jeunes, après un grand moment d'émotion», remarque le maire. Vendredi vers 6 h 15, un responsable de la salle de prière de Corte (Haute-Corse) a découvert à l'entrée une tête et des viscères de sanglier, accompagnées d'un courrier disant : «La prévention, ça a un temps, la prochaine fois, ce sera la tête d'un des vôtres.» «Ces actes sont déjà arrivés dans la région, reconnaît le procureur, Nicolas Bessone. Cette fois, c'est en lien avec le drame effroyable de Paris.»

Enfin, dans la nuit de jeudi à vendredi, quatre tirs ont visé la façade d'une mosquée de Saint-Juéry, une ville de 7 100 habitants près d'Albi (Tarn). «Il y a eu des tags, des carreaux cassés, mais on n'a jamais rien dit, raconte Nagach el-Kouchi, président de l'association qui gère la mosquée. C'est la désolation. On ne peut rien faire. Je n'ai pas peur de dire que c'est du racisme.»