«Réalisation d'avenir», «projet capital», «combat collectif» : les acteurs politiques et économiques haut-viennois ont rivalisé d'hyperboles lundi pour dire leur satisfaction après la publication de la déclaration d'utilité publique (DUP) de la LGV, la ligne de TGV Limoges-Poitiers pourtant sévèrement étrillée par la Cour des comptes qui l'a jugée «peu cohérente» et le Conseil d'Etat, non rentable.
Une course contre la montre s'est jouée en fin de semaine dernière sur ce dossier : alors que la date butoir du 12 janvier devait sonner le glas de la controversée LGV, l'annonce de la DUP au Journal officiel ce week-end a relancé sa réalisation en termes «urgents» et autorisé les premières expropriations. «Il ne s'agit pas de fanfaronner, mais de dire collégialement notre satisfaction», a commenté le président de région, Gérard Vandenbroucke.
Sésame. Cette pugnacité de la classe politique locale, soudée par l'enjeu du désenclavement du Limousin, s'est exprimée vendredi dans l'ombre des ministères et jusqu'à l'Elysée. Malgré le contexte national, chacun a pesé pour obtenir le sésame. «Les plus hautes autorités ont conscience que cette ligne est vitale pour l'avenir de nos territoires», souligne la sénatrice et présidente (PS) du Conseil général, Marie-Françoise Pérol-Dumont. Bien sûr, admet le président de région, «il y aura des oppositions, d'autres recours, mais nous pouvons avancer». «Il y a toujours des opposants aux grands aménagements, mais dans le contexte économique actuel, le renoncement n'est pas une option», considère le député (PS) Alain Rodet. Selon lui, l'argument du coût et de la non-rentabilité de la LGV, invoqué par les détracteurs, ne tient pas. «La seule question est celle de l'ampleur des retombées. Ce qui est sûr, c'est qu'il y en aura.» Ses contradicteurs politiques sont sur la même ligne. A commencer par Emile-Roger Lombertie, le nouveau maire UMP de Limoges. «La ville en tant que partenaire et financeur jouera tout son rôle dans ce projet […]. Il permettra non seulement l'ouverture sur les capitales européennes, mais aussi la réorganisation des transports en région.»
Le réseau des lignes à grande vitesse
En outre, les retombées économiques seront immédiates, considère Jean-Pierre Limousin, le président de la chambre de commerce. Cela créera «de l'emploi pour près de 5 000 personnes sur un chantier d'au moins trois ans», chiffre-t-il.
Ruraux. Mais c'est dans le cadre de la refonte territoriale que Gérard Vandenbroucke voit tout l'intérêt de la grande vitesse. «Demain, Limoges sera la seconde agglomération de la région Aquitaine-Limousin-Poitou Charentes, elle doit y jouer le rôle de pôle d'équilibre.» C'est le TGV ou le déclin, pointe le sénateur UDI Jean-Marc Gabouty : «J'ai été chef d'entreprise et je sais à quel point ceux-ci ont besoin d'un accès rapide aux grands pôles tels Paris et Bordeaux. La LGV créera les conditions nécessaires au développement. Dans trente ans les territoires sans LGV seront marginalisés. Il faut donc maintenir une pression positive pour que le dossier avance.» Pression positive, notamment sur les territoires ruraux tels la Dordogne, le Cantal, la Corrèze ou la Creuse, moins séduits par le TGV et davantage favorables au développement de transports locaux. «Pourtant, aucune infrastructure ou aménagement ne sont menacés par la LGV», plaide la députée PS Catherine Beaubatie. «A nous de travailler dans l'apaisement, sans passion mais avec pédagogie auprès des sceptiques», dit Gérard Vandenbroucke.