Réceptacle de toutes les frustrations, des non-dits et des impensés de la République, l’école se retrouve une nouvelle fois sur l’estrade des questionnements. Premier rouage de l’intégration, dernière digue avant la désocialisation, elle est une sorte de ligne de front républicaine. A chaque éruption, le premier réflexe est de lui demander de se justifier. Les enfants de certains quartiers ne respectent pas la minute de silence ? Ce serait la faute de l’école. Les thèses complotistes prolifèrent dans la cour de récréation à la vitesse de la 4G ? Ce serait évidemment encore la faute de l’école. Nous lui demandons tout à la fois. D’une part de préparer des jeunes adultes au marché du travail, de les connecter au monde moderne pour être en mesure de répondre à ses impératifs de mobilité et d’employabilité. D’autre part de former des citoyens éclairés, de leur donner des réflexes de tolérance, une culture civique. De pallier les déficiences du passé et de préparer notre futur. Sur le papier, les deux injonctions ne sont pas contradictoires. Mais à l’heure de la contrainte budgétaire, elles peuvent difficilement être érigées en double priorité. Alors que la droite pleure ce temps d’une institution où l’autorité du professeur s’imposait comme une table de la loi, la gauche a eu le mérite de tenter une double rupture. De moyens, d’abord, avec la création des 60 000 postes. Et d’objectifs : en assumant un discours de lutte contre la reproduction des inégalités. Jusqu’à présent, François Hollande s’est montré d’une trop grande discrétion sur ce terrain éducatif. Le moment nécessite une mobilisation nationale.
Dans la même rubrique