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Libération

4. Justice

publié le 16 janvier 2015 à 20h06

«A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles», a déclaré, mardi, Manuel Valls devant l'Assemblée nationale. On ne peut pas en vouloir au gouvernement de souhaiter répondre vite et fort à l'inquiétude et à la peur de beaucoup de Français, suscitées par ce double attentat. Un silence politique aurait été incompréhensible. Pour autant, un gouvernement de l'émotion n'a jamais fait de bonnes lois. La gauche l'a suffisamment reproché à Nicolas Sarkozy. La justice n'aime pas réagir à chaud. C'est contre sa nature. Elle a besoin de temps, de sérénité et de mesure. Les Français veulent plus de sécurité ? D'accord. Mais, ils ont aussi manifesté en masse pour la défense de leur liberté. La prison se retrouve aujourd'hui sur le banc des accusés. La société lui demande à la fois de punir et de faire en sorte que ses prisonniers, quand ils sont libérés, se réintègrent comme si cela allait de soi. La privation de liberté n'a jamais préparé un homme à retrouver une place dans la société. Et encore plus lorsque la surpopulation carcérale crée les conditions d'une radicalisation, qu'elle soit religieuse ou criminelle. Nos politiques ont toujours fait la sourde oreille devant l'état déplorable de nos prisons. Le sujet n'est pas électoraliste. Le contribuable et l'élu local n'ont pas envie de consacrer leurs impôts à la construction de nouvelles cellules. La prison est une boîte noire. Y compris pour notre République. Difficile de trouver un sujet qui hystérise plus le débat. Avec une droite enfermée dans son axiome «plus de sécurité = plus de prisonniers». Qui vient une nouvelle fois d'être démenti par les faits.