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Libération

SOS Médecins en grève ce dimanche

L'association cesse son activité pendant vingt-quatre heures pour dénoncer les risques de «suppression du médecin de garde la nuit», engendrant des perturbations.
L'appel à suspendre l'activité des associations de SOS Médecins était "massivement" suivi dimanche, engendrant d'importantes perturbations, malgré les réquisitions (Photo Loic Venance. AFP)
par AFP
publié le 25 janvier 2015 à 10h10

L'appel à suspendre l'activité des associations de SOS Médecins est «massivement» suivi ce dimanche, engendrant d'importantes perturbations, malgré les réquisitions, a affirmé à l'AFP le secrétaire général de SOS Médecins, Serge Smadja. «100% des structures participent au mouvement. Toutes ont été réquisitionnées, mais nous ne sommes pas dans un fonctionnement normal», a déclaré le Dr Smadja, en faisant état d'un encombrement des centres 15.

Ainsi, à Paris «sur la soixantaine de médecins prévus, quelque 25 ou 26» travaillent, répartis à peu près équitablement sur les secteurs géographiques. Dans la capitale, standard et médecins réquisitionnés «fonctionnent à 50%», et le fonctionnement du standard de SOS Médecins permet une plus grande fluidité dans l'organisation, un «gain de temps considérable», même si les délais de réponse aux appels des patients se sont considérablement allongés, selon la même source.

Mais dans d’autres régions, les standards n’ont pas été réquisitionnés et les appels transitent via le centre 15, qui doit joindre les médecins sur leurs portables, entraînant davantage d’encombrements et de délais.

Par ce mouvement, l'association veut dénoncer les risques de suppression du médecin de garde la nuit, de minuit à 8 heures, à l'instar de ce qui a été décidé par les agences régionales de santé dans le Nord-Pas-de-Calais. «Une situation aberrante» injustifiée économiquement et préjudiciable à la qualité du service de soins, selon SOS Médecins .

«SOS Médecins, ce sont des structures complémentaires du service public, pas des adversaires. La prise en charge fonctionne grâce à cette complémentarité», souligne le Dr Smadja, citant en exemples, notamment, des conventions avec le Samu, la prison de la Santé, ou la justice, pour des interventions lors des gardes à vue.

«Au moins une grève par mois»

L'association en appelle au président François Hollande. Malgré un premier mouvement de grève pendant les fêtes de fin d'année et la promesse d'un entretien «à la rentrée», l'association «n'a toujours pas été reçue» par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'est indigné auprès de l'AFP le président de SOS Médecins, Dominique Ringard. Un courrier a donc été envoyé au président de la République «pour lui demander d'intervenir directement», selon un communiqué.

SOS Médecins, qui regroupe environ 1 100 praticiens pour 63 structures, craint que les exemples du Nord-Pas-de-Calais et Lorraine ne s’étendent aux régions voisines. En raison de la réforme territoriale, qui instaure un nouveau découpage des régions, mais aussi dans le cadre du projet de loi santé de Marisol Touraine, accusé par les médecins de conférer un pouvoir accru aux ARS.

Au ministère de la Santé, on précise que «les représentants de SOS médecins ont été reçus à plusieurs reprises au cabinet au cours des derniers mois», que «l'évolution contestée» est limitée à l'agglomération de Nancy, et que son extension au Nord-Pas-de-Calais, «soutenue par les acteurs locaux», fait l'objet de discussions.

«Les patients pourront toujours avoir accès à un médecin de ville la nuit, assure-t-on dans l'entourage de la ministre. Non seulement le conseil médical par téléphone est maintenu, mais les interventions de médecin (de ville ou SOS) sont toujours possibles.»

Apportant son «soutien plein et entier» aux médecins libéraux, en grève administrative depuis début janvier contre le projet de loi santé, SOS Médecins envisage de «rentrer dans le dur» avec «au moins une grève par mois», prévient le Dr Ringard. Celle de dimanche ne devrait pas trop déstabiliser l'offre de soins : les grévistes peuvent être réquisitionnés par les ARS, qui se sont attelées à la tâche dès l'annonce de la grève jeudi, selon le Dr Ringard.

Le projet de loi santé doit être examiné en avril au Parlement. Des groupes de travail sur les points litigieux du texte doivent débuter lundi au ministère.