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Libération
Récit

L'ex-infirmier de Liliane Bettencourt a tenté de se suicider

L'affaire Bettencourtdossier
L'état de santé d'Alain Thurin, entré au service des époux Bettencourt en 2007, pourrait entraîner une «disjonction» de son cas alors que s'ouvre à Bordeaux son procès et celui de neuf autres prévenus.
L'entrée du tribunal de Bordeaux, à l'ouverture du procès Bettencourt le 26 janvier. (Photo Nicolas Tucat. AFP)
publié le 26 janvier 2015 à 13h36

Le tribunal appelait un par un les dix prévenus du procès Bettencourt, pour une banale présentation lundi matin. Quand vient le tour d'Alain Thurin, son avocat se lève, annonce sans plus d'explication que son client n'est pas là. Le procureur, Gérard Aldige, se lève pour donner la nouvelle : «Il aurait attenté à ses jours, par pendaison, dans un bois proche de son domicile dans l'Essonne.» C'est le parquet d'Evry qui a alerté ses collègues bordelais, sans plus de précision son son état : est-il vivant ? Et si oui dans quel état ? De source policière citée par l'AFP, l'homme serait «entre la vie et la mort».

L'ancien infirmier de Liliane Bettencourt est un personnage assez secondaire du procès. En cas de décès, le tribunal constaterait sobrement «l'extinction des poursuites» à son encontre. S'il a survécu à son geste, «il faudra savoir si son état est compatible avec une comparution en correctionnelle», souligne un porte-parole du parquet, évoquant la possibilité d'une «disjonction» de son cas, Alain Thurin étant alors jugé plus tard, seul. Simples hypothèses, faute d'en savoir plus à cette heure.

Ancien infirmier des hôpitaux, disposant d'une retraite de 1 600 euros par mois, il avait rejoint le service des époux Bettencourt en octobre 2007, d'abord auprès d'André, qui décèdera un mois plus tard, et ensuite de Liliane. Chez eux, ses revenus sont multipliés par dix (salaire de 18 000 euros par mois), car les Bettencourt soignent leurs employés de maison – une très bonne maison. André Thurin est tout particulièrement chargé de l'aider à s'habiller, se laver, se coucher. Une promiscuité qui vire à l'intimité, au point de lui écrire lors de ses quelques congés : «Je suis parti en Allemagne. Habituellement, tu me manquais mais cette fois-ci c'est autre chose, d'autres sentiments, un besoin, je t'aime Liliane…» Aux enquêteurs interloqués, il répondra que ce n'étaient pas vraiment des lettres d'amour, plutôt «le symbole d'une affection, d'Amitiés avec un grand A». Liliane l'appelait parfois André.

Au plan pénal, André Thurin se voit reprocher une donation de dix millions d'euros, sous forme d'assurance-vie, couchée sur un testament daté d'août 2011. Abus de faiblesse ? L'infirmier jure n'être pas au courant, l'avoir découvert dans la presse. A l'entendre, il serait allé voir la milliardaire pour refuser le cadeau empoisonné, pour ne «pas être considéré comme un Banier bis». Liliane lui aurait alors fait observer qu'il serait «con de refuser»… Les juges d'instruction ont une vision moins romantique de leur relation, y voyant plutôt une «emprise croissante» de l'infirmier dans la «sphère personnelle» de la milliardaire, «omniprésent à ses côtés». André Thurin n'a manifestement pas supporté le portrait.