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Harcèlement de rue au Pérou : tous sur sa mère

Une campagne publicitaire met en scène des hommes qui, après avoir abordé leur mère (sans la reconnaître) dans les rues de Lima, se prennent une volée de bois vert. Drôle et efficace, l'idée pose cependant des problèmes de fond, rapporte Slate.fr.
Capture d'écran (DR)
publié le 27 janvier 2015 à 17h32

Les hommes qui invectivent les femmes dans la rue à base de «hey ma jolie» ou de «sale pute» – c'est selon – se le permettraient-ils si ces femmes étaient leur mère ? C'est la question que pose une campagne publicitaire réalisée par une marque new-yorkaise, au Pérou, et qui met en scène des femmes, pomponnées, perruquées et habillées différemment de leur habitude afin de ne pas être reconnues. Elles se baladent devant leur fils, harceleur notoire. A tous les coups, ça ne manque pas : les fils balancent une grossièreté à leur mère, lesquelles retirent leur perruque et leur envoient une volée de bois vert, à base de «ce n'est pas comme ça que je t'ai éduqué».

La campagne, réalisée à partir de réels témoignages, a beau être tournée par des comédiens, le message est efficace : à chaque fois, les hommes qui ont harcelé par erreur leur mère (mais cela pourrait aussi bien être leur sœur ou leur cousine) se défendent, passant de l'agression («Est-ce que papa sait que tu t'habilles comme ça ?») à la contrition.

Si l'idée est drôle, elle pose néanmoins plusieurs problèmes de fond, relève Cécile Dehesdin, journaliste à Slate.fr. D'abord, pourquoi ne s'interroger que sur le rôle de la mère dans l'éducation au respect des femmes, et pas sur le rôle du père ? Ensuite, éduquer au respect des femmes sur le mode «parlerais-tu à ta mère comme ça ?» ou «qu'en penserais-tu si cela arrivait à ta sœur ?» revient à objectifier les femmes en ne les positionnant que par rapport à un homme (mère, sœur, fille, cousine) et pas comme des êtres libres en tant que tels. «Le sexisme n'est pas à éradiquer à cause de ce que le fils, frère, mari ou père d'une femme peut ressentir, mais à cause de ce que ladite femme ressent et subit», écrit ainsi la journaliste.