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La fine équipe du Carlton

Affaire du Carlton, le procèsdossier
A gauche, de haut en bas: Emmanuel Riglaire et René Kojfer. Au centre, Dominique Alderweireld, alias «Dodo la saumure». A droite, de haut en bas: Fabrice Paszkowski, Jean-Christophe Lagarde, David Roquet (Photos Olivier Touron, Aimée Thirion, AFP, DR)
publié le 1er février 2015 à 19h56

De René Kojfer, chargé des relations publiques de l’hôtel à l’avocat Emmanuel Riglaire, en passant par le célèbre «Dodo la saumure», galerie de portraits de six prévenus qui comparaissent depuis lundi dans un procès dont Dominique Strauss-Kahn est la «vedette». Ils sont soupçonnés d'avoir fourni des filles pour les soirées libertines de l'ex-directeur général du FMI.

René Kojfer Les chambres particulières

Chargé des relations publiques du Carlton et de l’Hôtel des tours, à Lille, René Kojfer, 73 ans, est au démarrage de l’affaire. Les policiers le soupçonnent de

«garnir des chambres»

avec des prostituées qu’il ferait venir des bordels belges de son ami «Dodo la saumure», afin de développer les activités de l’hôtel. Sur les écoutes, les enquêteurs l’entendent informer ses contacts des

«arrivées de nouvelles filles chez Dodo».

En mai 2011, juste après l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York, «Dodo» se vante d’avoir

«ramené des filles»

au directeur du Fonds monétaire international. Qui aurait

«voulu baiser Béa»

, sa compagne,

«en force»

. C’est le coup de fil au départ du deuxième volet du dossier du Carlton. René Kojfer est poursuivi pour proxénétisme aggravé, comme treize autres prévenus. (Photo Olivier Touron)

 «Dodo la Saumure»  Maquereau assumé

Est-il encore la peine de présenter Dominique Alderweireld, 65 ans, alias «Dodo la saumure» ? Un surnom hérité de son rapport très décontracté à sa profession de maquereau (c’est dans la saumure qu’on les fait mariner…) Autant dire que le proxénète assumé, propriétaire de plusieurs maisons closes en Belgique, ne s’attendait pas à être poursuivi en justice pour ces activités. On lui reproche d’avoir missionné des prostituées travaillant dans ses établissements pour des parties fines organisées autour de DSK à Paris et Washington. Ce qu’il dément catégoriquement.

«Ce sont des femmes indépendantes, qui choisissent librement leurs activités, et il n’a pas perçu un centime sur les prestations qu’elles ont effectuées hors de Belgique»

, martèle son avocat, M

e

Sorin Margulis.

(Photo Olivier Touron)

Fabrice Paszkowski Entreprenant

Responsable d’une société de matériel médical à Lens (Pas-de-Calais) et militant socialiste, Fabrice Paszkowski, 47 ans, a rencontré Dominique Strauss-Kahn en 2005, lors d’un forum d’entreprises à Béthune. Les deux hommes ont sympathisé, et le futur président du FMI a invité le chef d’entreprise à une soirée libertine.

«J’ai l’habitude de rendre les invitations»

, confiait Fabrice Paszkowski à

Libération

en mai 2013. Il organise alors une première soirée à l’hôtel Murano, à Paris, à laquelle il se rend

«avec des escort-girls»

recrutées via David Roquet, René Kojfer et «Dodo». C’est le point de départ de ce que lui reproche la justice : avoir planifié, sur la base d’un échange soutenu de SMS peu raffinés avec DSK, des parties fines à Paris et Washington auxquelles participaient des prostituées et d’autres prévenus du dossier.

(Photo Aimé Thirion)

David Roquet Bâtisseur libertin

A l’époque directeur d’une filiale du groupe de BTP Eiffage dans le Pas-de-Calais, David Roquet, 46 ans, rencontre Fabrice Paszkowski en 2008. Partageant le même goût pour le libertinage, Paszkowski propose à Roquet de cofinancer avec lui des soirées de sexe collectif. Roquet accepte et se retrouve à payer des prostituées et des déplacements pour les parties fines impliquant DSK, à Paris et Washington. Outre le

«proxénétisme»

, la justice lui reproche ainsi d’avoir fait passer ces dépenses en frais professionnels. Lui se défend en expliquant qu’il avait averti son supérieur hiérarchique, qui validait ses frais, et qu’il s’était senti encouragé par Eiffage à entretenir ce lien privilégié avec le président du FMI. La direction du groupe de BTP dément et a porté plainte contre son ex-salarié, licencié suite à l’affaire, pour

«abus de biens sociaux»

.

(Photo DR)

Jean-Christophe Lagarde Flic échangiste

Commissaire divisionnaire chef de la sûreté départementale du Nord au moment des faits, Jean-Christophe Lagarde, 50 ans, a connu Fabrice Paszkowski par l’intermédiaire du réseau franc-maçon auquel ils appartiennent. En 2007, ils découvrent qu’ils ont également en commun un goût prononcé pour l’échangisme. Paszkowski le fait venir à des soirées, d’abord dans la région lilloise, puis à celles où DSK est l’invité d’honneur, à Paris à l’hôtel Murano et à Washington. Lagarde voyage en compagnie de jeunes femmes dont il dit ignorer la qualité de prostituées, bien que plusieurs témoins du dossier affirment l’inverse. Il est poursuivi pour proxénétisme et recel d’escroquerie.

«Des termes à l’opposé de ce qu’il est,

dit son avocat, Olivier Bluche.

Mon client est combatif et rendra coup pour coup à ceux qui ont voulu lui coller ces étiquettes.»

(Photo DR)

Emmanuel Riglaire Avocat mis en cause

Ténor du barreau lillois, l’avocat Emmanuel Riglaire, 46 ans, est soupçonné d’avoir incité l’une de ses clientes, M., à se prostituer. Son renvoi devant le tribunal correctionnel de Lille repose sur le témoignage de cette jeune femme. Elle raconte que, n’ayant pas les ressources suffisantes pour régler les honoraires qu’elle lui devait dans une procédure de garde d’enfant, le pénaliste lui aurait proposé d’effacer sa dette en échange de relations sexuelles. Il lui aurait ensuite présenté René Kojfer, le responsable des relations publiques du Carlton, qui l’a mise en relation avec un certain nombre de clients, la lançant dans la prostitution. Puis, Emmanuel Riglaire lui aurait présenté David Roquet, qui l’emmène avec lui à une partie fine au Murano, où elle aurait subi,

«en larmes»,

un rapport de sodomie brutal avec DSK. (Photo AFP)