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Libération
à la barre

Bettencourt : à la barre, Claire Thibout tient le cap

L'affaire Bettencourtdossier
L’ex-comptable et plaignante a dû répondre aux accusations des avocats des prévenus.
Lors de l'ouverture du procès à Bordeaux, le 26 janvier. (Photo Rodolphe Escher)
publié le 10 février 2015 à 20h06

Claire Thibout, principale accusatrice, est passée sur le gril mardi. Encore un mauvais moment à passer pour l'ex-comptable de la maison Bettencourt, déjà entendue à 18 reprises en cours d'instruction et mise en examen fin 2014 pour faux témoignage dans un volet annexe initié par François-Marie Banier. Pour raisons médicales, son audition se déroule en visio-conférence. Elle résume sa situation actuelle : «J'ai été moquée, traitée de mythomane ; c'est dur de payer pour avoir dit la vérité.»

A la demande du tribunal, la comptable campe à nouveau le décor, à partir de 2006, en des termes plus abrupts : «Mme Bettencourt perdait ses facultés mentales, M. Bettencourt était fatigué. Plus personne ne commandait, tout le monde réclamait de l'argent. C'était n'importe quoi.» Elle finira par se confier à leur fille Françoise, lui rédigeant une attestation qui nourrira sa plainte pour abus de faiblesse.

La défense l'attaque sur ce volet du deal entre les deux femmes : le versement de 400 000 euros en contrepartie de son «engagement à apporter son concours». Claire Thibout réfute avoir été «payée pour témoigner», mais a simplement négocié une indemnité supplémentaire en cas de licenciement - prévisible, et qui donc adviendra. «Je l'ai fait en mon âme et conscience, car je ne supportais plus cette ambiance où tout le monde piquait dans la caisse.»

Me Jacqueline Laffont, avocate de Patrice de Maistre, le grand chambellan de Liliane Bettencourt, la cuisine sur le fait qu'elle aussi aurait pu abuser de ses largesses, donc de ses faiblesses. Il est question d'un projet de donation de deux appartements à Neuilly, pas moins. Selon Claire Thibout, c'est François-Marie Banier qui l'aurait incitée à franchir le pas : «Il a voulu me mouiller dans ses combines pour que je ne parle pas, il m'a même proposé un compte en Suisse.» Elle n'en sera jamais propriétaire, mais aura quand même rédigé un bout de papier pour les obtenir.

Pour la défense, cela suffit à marquer un point. Me Pierre Cornut-Gentille, défenseur du photographe, la titille à son tour sur sa première attestation, selon laquelle la milliardaire n'avait ses esprits que «deux heures par jour». Elle doit battre en retraite, voulant dire «deux heures de suite». L'avocat engrange, tente de pousser l'avantage : «Si vous revenez chaque fois en arrière, comment voulez-vous qu'on vous croie ?» La justice est un combat.