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Libération
EDITORIAL

Pertinence

publié le 10 février 2015 à 20h26

La chose est entendue : des tirs de kalachnikov contre des forces de police représentent bien la pire des bandes-son pour un Premier ministre venu vendre l’efficacité de sa politique de sécurité. En signent-ils pour autant la faillite ? Ce serait bien commode de conclure que ces détonations sont la démonstration éclatante et désespérante que, plus de deux ans après leur création, ces zones de sécurité prioritaire (ZSP), grande fierté de Manuel Valls, ne sont finalement qu’un nouveau sigle qui signe l’impuissance des politiques publiques. Un bidule de plus, pourrait-on dire, qui finira par rejoindre le cimetière, déjà bien rempli, de ces acronymes inventés dans les ministères et morts de n’avoir pu démontrer leur efficacité. En l’occurrence, ce serait injuste et idiot. Idiot car il est illusoire de penser qu’une politique de sécurité, quelle qu’elle soit, puisse éradiquer, même en deux ans, le trafic de drogue qui gangrène ces quartiers depuis trente ans. Injuste, car il faut reconnaître à ce gouvernement d’avoir, en l’occurrence, pensé une politique en rupture, avec trois présupposés de dix ans de gouvernement de droite.

1) L’insécurité est une conséquence plus qu’une cause. 2) Au lieu de disperser les moyens, il faut toujours mieux les concentrer sur quelques territoires prioritaires. 3) Il ne sert à rien de vouloir lutter contre la grande délinquance, uniquement avec un renforcement de la présence policière. Elle est indispensable. Mais sans la mobilisation de la justice, de l’éducation nationale et du tissu associatif, elle ne sert à rien. C’est la fameuse «approche globale» qu’avait tenté de théoriser Jean-Marc Ayrault. Ces tirs de kalachnikov sont la manifestation que cette politique manque de moyens, d’amplitude et de temps. Mais pas de pertinence.