C'était une très grande figure de la police qui ne faisait pas mystère de ses accointances avec la droite. Mais Philippe Massoni, décédé samedi à l'âge de 79 ans, a été à la tête de la préfecture de police de Paris de 1993 à 2001, sous les gouvernements Balladur, Juppé et Jospin. Une longévité exceptionnelle à ce poste ultrasensible de «préfet le mieux renseigné de France». Samedi, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a salué «la mémoire d'un grand serviteur de l'Etat». Ce Corse fier de ses racines devient commissaire de police et intègre les Renseignement généraux en 1962. Il se fait alors remarquer en infiltrant les mouvements d'extrême gauche, très actifs après Mai 68. Ses détracteurs le qualifient de manipulateur, adepte «du billard à trois bandes». Le coup de filet visant les dirigeants d'Action directe, en 1987, est l'une de ses grandes réussites à la tête des RG. Le grand flic a un CV ponctué de passages dans des cabinets ministériels : chargé de mission à Matignon sous Chirac (1976-1978) puis Barre (1978-1980). En 1993, il devient dircab du ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, avec lequel il parlait parfois en corse pour éviter «les fuites». Malgré sa proximité avec le duo Chirac-Pasqua, il avait su se ménager un peu de confiance auprès de François Mitterrand, qui s'en est tout de même toujours méfié. Mais moins que Nicolas Sarkozy, qui voyait la main du «terrible Massoni» dans tous les mauvais coups venant de son camp. Photo AFP
Dans la même rubrique