La garde à vue de 96 heures, comme l’autorise la procédure dans les affaires de criminalité organisée, prendra fin ce jeudi. Les deux hommes interpellés dimanche soir à Saint-Denis, en banlieue parisienne, ont été transférés lundi à Marseille. Les enquêteurs de la police judiciaire de Marseille vont désormais tenter de déterminer leur rôle exact dans la
[ fusillade survenue le 9 février en pleine matinée ]
dans la cité de La Castellane (16e), au nord de la ville, le jour de la visite de Manuel Valls. De source policière, leurs empreintes digitales ont été retrouvées sur
«différents éléments»
saisis dans une BMW perquisitionnée par les enquêteurs sur le parking de la cité. Le croisement de ces données avec le fichier de la police a permis de remonter jusqu’aux deux hommes, âgés d’environ 25 ans a précisé une source policière.
Dans cette même voiture, les enquêteurs ont également trouvé «deux fusils à pompe, 400 cartouches de gros calibre et un gilet pare-balles». Sept Kalachnikovs ainsi que 20 kg de résine de cannabis avaient auparavant été découverts dans un appartement situé non loin de là, au rez-de-chaussée du bâtiment 5 de la cité. Des analyses sont toujours en cours pour tenter de déterminer si ce sont ces mêmes armes qui ont servi lors de la fusillade du 9 février.
A la suite de cette perquisition, les quatre occupants de l’appartement avaient été placés en garde. Ils ont finalement été libérés vendredi, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Pour l’instant, la police semble plutôt les considérer comme de simples nourrices, dont le rôle se borne à fournir un lieu de planque pour les armes et marchandises des trafiquants, parfois sous la menace.
Cagoulés et en tenue paramilitaire
Parallèlement à la garde à vue des deux hommes, l'enquête se poursuit pour tenter de retrouver la trace de l'ensemble des participants à la fusillade, entre sept et dix personnes, indique-t-on de source policière. C'est du moins ce qui ressort des témoignages recueillis sur place, les habitants parlant d'individus vêtus de tenues paramilitaires et cagoulés. «Ce qui n'exclut par la participation d'autres personnes qui n'étaient pas ainsi habillées, tout est possible», précise un proche du dossier. Tous avaient réussi à prendre la fuite avant l'arrivée de la police, rapidement alertée par les habitants.
Avant de disparaître, les tireurs auraient toutefois «rafalé» en direction des deux premiers véhicules de police dépêchés sur place, bien qu'une incertitude demeure sur ce point. «Des éléments laissent à penser que c'est le cas», indique-t-on du côté des forces de l'ordre. En tout cas, une enquête pour «tentative d'homicide sur agent de la force publique» a été ouverte. Quant aux raisons qui ont provoqué ces tirs, la police semble exclure tout lien avec la visite de Manuel Valls ce même jour à Marseille, aux côtés de nombreux ministres de son gouvernement. De l'avis des enquêteurs, la fusillade serait plutôt liée à une guerre de territoire entre bandes rivales qui tentent de récupérer le trafic de stupéfiants sur la cité, l'une des plaques tournantes de Marseille en la matière.