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Attentats : colère d'une quinzaine de médias après des mises en cause du CSA

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Dans une lettre ouverte, une quinzaine de médias ayant fait l'objet d'interventions du CSA pour leur couverture des attentats en France début janvier contestent ce qui leur est reproché.
TF1 fait partie de la quinzaine de médias ayant reçu une mise en garde du CSA pour sa couverture des attentats de début janvier à Paris. (Photo AFP)
publié le 18 février 2015 à 8h40
(mis à jour le 18 février 2015 à 10h28)

Visiblement, l'affront était tel que la réponse devait être exceptionnelle, quitte à composer un assemblage hétéroclite. Après s'être réunis mardi au siège de TF1, une quinzaine de médias tancés par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) après leur couvertre des attentats de Paris en janvier ont publié ce mercredi une lettre ouverte dans laquelle ils estiment «l'information menacée».

Dans cette lettre publiée par exemple sur le site de France Inter, les directeurs des rédactions de TF1, France 2, France 3, France 24, BFMTV, iTélé, LCI, Euronews, France Inter, France Info, RTL, Europe 1, RMC et RFI commencent par déplorer «l'absence de discussion contradictoire» avant la décision du CSA. Celui-ci les a pourtant reçus le 15 janvier afin d'évoquer avec eux «les questions et les difficultés qui ont pu être soulevées par l'accomplissement de leur mission».

Il n'empêche que le Conseil «a rendu une décision sans précédent, infligeant pas moins de 36 mises en demeure et mises en garde, jetant le discrédit sur le travail des rédactions de la quasi-totalité des radios et télévisions françaises publiques et privées», écrivent les directeurs des rédactions sanctionnées. «La liberté de la presse est un droit constitutionnel. Les journalistes ont le devoir d'informer avec rigueur et précision. Le CSA nous reproche notamment d'avoir potentiellement "attenté à l'ordre public" ou pris le risque "d'alimenter les tensions au sein de la population". Nous le contestons», poursuivent-ils.

La décision du CSA «doit donc interpeller les pouvoirs publics garants de la démocratie dont la liberté d'expression est le fondement», ajoutent ces responsables, ne reconnaissant dans ce texte aucun des torts qui leurs sont reprochés.

«Dans quelle autre grande démocratie reproche-t-on aux médias audiovisuels de rendre compte des faits en temps réel ?», poursuit la lettre. «Comment peut-on imaginer que le CSA veuille en 2015, renforcer encore le contrôle sur les médias audiovisuels français régulés quand l'information circule sans contrainte dans la presse écrite, sur les chaînes étrangères, tous les réseaux sociaux et les sites internet. N'est-ce pas nous placer dans une situation d'inégalité devant la loi ?»

«Nous considérons que la décision du CSA porte en germe le danger d'une alternative : se censurer ou se voir sanctionné», avertissent ces médias. Et de se poser en garants de la liberté de l'information, en affirmant qu'ils «continueront à travailler en toute indépendance et en toute responsabilité».

Les mises en demeure et mises en garde communiquées par le CSA la semaine dernière ne sont pas des sanctions, mais l'autorité a menacé d'en arriver là en cas de récidive.